2 grands ensembles de paysages

« les Hauts et  les Bas »,  ou « La Réunion intérieure et La Réunion des pentes extérieures »


Les deux grands ensembles de paysages
Les deux grands ensembles de paysages

Concrètement, comment s'organise cette merveilleuse diversité paysagère sur l'île ? Comment s'enchaînent les paysages, du nord au sud, d'est en ouest et de bas en hauts ?

Pâturages dans les Hauts
Pâturages dans les Hauts

Fichier joint : tco-4-074-77.mov

Station balnéaire dans les Bas, Saint-Gilles-les-Bains
Station balnéaire dans les Bas, Saint-Gilles-les-Bains

Fichier joint : tco-9-323-326.mov


Traditionnellement, on distingue deux grands ensembles de paysages à La Réunion : les Hauts et les Bas. Les Hauts sont moins habités que les Bas, plus naturels et plus sauvages d'aspect, présentent des reliefs plus importants, plus marqués, plus irréguliers, disposent de terres plus boisées et moins cultivées, offrent un climat plus nébuleux et globalement davantage pluvieux. A l'inverse les Bas concentrent l'essentiel du poids de population et le cortège de l'urbanisation qui en découle : habitat, activités, infrastructures. Ils sont aussi davantage cultivés, notamment en canne à sucre, sur des pentes à peu près régulières des bas de planèzes ; ils bénéficient d'un climat globalement moins arrosé que les Hauts, plus ensoleillé, même si des différences climatiques très fortes distinguent les Bas de l'est des Bas de l'ouest ; ils s'achèvent sur un littoral.

Ces différences très marquées entre Hauts et Bas ne sont pas liées qu'aux données naturelles géographiques, mais également aux données humaines historiques, qui se traduisent dans les champs sociologiques et économiques. Le fait historique générateur de la distinction si marquée entre Hauts et Bas est la concession par le Roi des terres basses, par le truchement de la Compagnie des Indes : la mise en valeur de l'île Bourbon a été encouragée par la concessions des terres « du battant des lames au sommet des montagnes », qui a conduit à privatiser les terres basses et à maintenir les Hauts dans la sphère publique, propriété de l'Etat puis du Département, géré par l'ONF et, depuis le 05 mars 2007, dans le giron du Parc National. Les Hauts ont été progressivement occupés par les « noirs marrons » (esclaves évadés, réfugiés dans la montagne, et premiers occupants des îlets) et par les « petits blancs des hauts » : ces blancs ont été appauvris par un double processus :
  • à partir du XVIIIe siècle, avec l'augmentation de la population, le partage excessif des terres des bas à parts égales entre les nombreux enfants aboutit inéluctablement, au fil des héritages successifs, à des parcelles en lanières si fines qu'elles deviennent inaptes à faire vivre une famille ; les blancs sans terre sont progressivement obligés de coloniser les hauteurs pour défricher et mettre en valeur des nouvelles parcelles ;
  • à partir de 1848, l'abolition de l'esclavage prononcée par Sarda Garriga ruine les petits propriétaires terriens dépossédés de leur main d'œuvre, contraignant les familles à la colonisation des hauts.

Au fil du temps, l'opposition entre les paysages des Hauts et ceux des Bas tend à se renforcer, avec des Bas de plus en plus artificialisés et des Hauts de plus en plus sanctuarisés.
En termes de paysage, l'opposition Hauts/Bas apparaît ainsi globalement fondamentale et renforcée par les délimitations administratives, y compris les plus récentes avec la création du Parc National.

Néanmoins les appellations « Hauts /Bas » présentent quelques imperfections en faisant référence à l'altitude. Si celle-ci reste le facteur principal de différenciation en influant sur la fraîcheur, la nébulosité, la végétation, les possibilités de mise en culture, elle n'est pas seule à intervenir. On peut se sentir très loin du littoral, et dans une toute autre ambiance, tout en restant objectivement très bas en altitude. L'étude des paysages de 1994 le dit : « au fond de Bras Rouge, dans le cirque de Cilaos, on peut être à 300 – 400 m d'altitude seulement, et l'on est pourtant à l'évidence dans ce que l'on appelle « les Hauts ». Les pentes du Grand Brûlé sont à leur manière des paysages des Hauts qui tombent jusqu'au niveau zéro de l'Océan. Inversement il faut remonter très en altitude sur les pentes de l'Ouest avant de parcourir des paysages que l'on dit appartenir aux « Hauts ».

C'est pourquoi il est possible de substituer la distinction Hauts/Bas par une autre distinction duale : La Réunion des pentes extérieures et La Réunion intérieure.

Ces deux grands ensembles de paysages sont liés à la nature volcanique de l'île et à son histoire géologique :
  • La Réunion des pentes extérieures est celle qui s'ouvre physiquement sur l'océan : c'est La Réunion des planèzes et des plaines littorales ;
  • La Réunion intérieure est celle de la montagne, des pics et des mornes, des « plaines » d'altitude, des cirques d'effondrement, du volcan actif.

Cette distinction a été déjà précisée dans l'étude des paysages de 1994 : « il reste de façon primordiale pour la Réunion un visage qui s'offre au miroir de l'océan et un cœur qui fait son épaisseur et son mystère ».

Chacun de ces deux grands ensembles est composé de paysages distincts détaillés ci-dessous.