Des paysages spectaculaires, très perceptibles et appropriables


Point de vue du Maïdo
Point de vue du Maïdo

La richesse de La Réunion en paysages est renforcée par le caractère très perceptible de ces derniers. La forte présence visuelle des grands paysages de l’île est bien sûr liée à la puissance des reliefs : partout ils s’affichent à la faveur des pentes des planèzes, des sommets découpés en mornes et en pitons, des cassures des remparts, ou du creusement des ravines. Il n’existe aucune partie de l’île qui soit à la fois suffisamment plate et grande pour faire « oublier » le grand paysage. Même sur les grandes plaines littorales - celle du Port et de Saint-Paul, celle de Saint-André, celle du Gol -, les pentes s’affichent en toile de fond, parfois de façon particulièrement précieuse et spectaculaire à la faveur du débouché des grands exutoires des cirques : l’échancrure de la rivière des Galets vers Mafate, celle de la rivière du Mât vers Salazie et celle, plus grandiose encore, de la rivière Saint-Etienne et de ses deux bras vers Cilaos, composent parmi les paysages de planèzes les plus spectaculaires de l’île.  Quant aux plaines d’altitude, elles sont toujours liées à des reliefs marquants qui les bordent ou qui les ponctuent, et qui contribuent de façon majeure à la valeur des paysages qu’elles offrent : les remparts de la plaine des Palmistes, les pitons de la plaine des Cafres.

Perspective de la rue de Paris sur la mer, Saint-Denis
Perspective de la rue de Paris sur la mer, Saint-Denis

Même en ville la moindre percée de rue est susceptible de mettre en scène une toile de fond, pente cultivée ou boisée vers l’amont, ou étendue bleue de l’océan vers l’aval. On le verra, ces perspectives urbaines et ces toiles de fond contribuent d’ailleurs à la valeur des paysages urbains de l’île, encore aujourd’hui insuffisamment prises en compte.

Vue d’une case, pentes de l’Ouest
Vue d’une case, pentes de l’Ouest

Sur les planèzes construites, la force des pentes facilite le partage de la vue vers le grand paysage, depuis les cases comme depuis les appartements des immeubles collectifs ou depuis les bureaux : le grand paysage rentre ainsi aisément au cœur de l’intimité habitée des Réunionnais, et contribue à donner de la valeur au bâti.

Une route-paysage, au-dessus de Villèle
Une route-paysage, au-dessus de Villèle

Les routes les plus banales, pour peu qu'elles échappent à l'urbanisation linéaire, deviennent très facilement des déambulatoires remarquables pour mettre en scène le paysage, celui des pentes et des sommets comme celui du littoral.

Ainsi, à La Réunion plus qu'ailleurs, on profite de grands paysages hors du commun dans les activités quotidiennes les plus communes : habiter, travailler, circuler. Visuellement, le grand paysage fait partie de la vie. On le consomme au quotidien.

La nature départemento-domaniale des hauts et la densité des sentiers facilitent l’appropriation des paysages par le public ; ici randonnée à Mafate
La nature départemento-domaniale des hauts et la densité des sentiers facilitent l’appropriation des paysages par le public ; ici randonnée à Mafate

En termes d’appropriation, la nature départemento-domaniale de près de la moitié de la superficie de l’île facilite grandement la découverte et la pratique des paysages. L’énorme travail d’ouverture et d’entretien des sentiers par l’ONF et le Conseil Général rendent très accessibles les hauts, pour peu que les jambes suivent. Sur le littoral, les beaux restes des 50 pas géométriques, complétés par les 800 ha de sites acquis par le Conservatoire du Littoral, et par les efforts des collectivités pour créer le sentier littoral, facilitent également la pratique des paysages de bord de mer. La facilité d’appropriation de l’espace contribue ainsi également à une intense « consommation » des grands paysages de l’île dans des pratiques sinon quotidiennes, du moins hebdomadaires.