Des habitats naturels organisés en fonction des conditions physiques et climatiques de l’Île :



La Réunion, par son relief très marqué et sa dissymétrie climatique, favorise une grande hétérogénéité d’habitats et ainsi une diversité de paysages. Selon la région dans laquelle on se trouve, au vent ou sous le vent, dans les bas, sur les pentes ou dans les hauts, cette diversité engendre des habitats et des paysages variés. En effet, la répartition des milieux naturels est, si l’on ne tient pas compte des milieux azonaux, conditionnée principalement par l’altitude et la situation géographique : façade « au vent » et « sous le vent ».

Les variations climatiques (pluviométrie, nébulosité, température) organisent la répartition naturelle des habitats et de la végétation en fonction de l’altitude. Cette zonation altitudinale (étudiée et bien décrite par Rivals 1952 et Cadet 1977) diffère dans chacun des domaines au vent et sous le vent.

De même, la saisonnalité participe également à la différentiation des paysages, en jouant notamment sur les couleurs des essences présentes dans ces milieux naturels. Les périodes de floraison « habillent » certains arbres (Les mahots) et donc la forêt de diverses couleurs. C’est d’ailleurs cette variation qui est à l’origine de l’appellation de certains espaces naturels de l’Île « forêt de bois de couleurs ». Par ailleurs, bien que la grande majorité des habitats de l’Île soit sempervirents on observe dans les bas de la région sous le vent une variation de teinte selon les régimes pluviométriques, passant de la savane sèche fauve à la savane verdoyante.

Tous ces facteurs créent des paysages distincts selon leur répartition géographique et à moindre mesure selon la saisonnalité.

Différenciation de l’étagement de la végétation entre façades au vent et sous le vent 


Le versant au vent
  • Sur la côte au vent, humide et pluvieuse, l'étagement présente la succession de végétations (sempervirentes) climaciques suivante :
  • Forêt tropicale humide de basse altitude (ou forêt de bois de couleurs des bas) associée au secteur chaud (mégatherme) et humide (hygrophile) des basses terres jusqu'à 800m d'altitude, encore appelé « étage mégatherme hygrophile »,
  • Forêt tropicale humide de montagne (ou forêt de bois de couleurs des hauts, ou encore « forêt néphéléphile », (« forêt de nuages ») correspondant au secteur frais et très humide de la zone des nuages. Cette zone constamment saturée d'humidité atmosphérique, s'étendant jusqu'à 1900 m d'altitude, est appelée « étage mésotherme hygrophile », ou « étage mésotherme néphéléphile ». La forêt de montagne à Tamarin des hauts s'inscrit dans cette potentialité climacique mais représente un stade de substitution plus ou moins rémanent après incendie.
  • Complexe altimontain de fourrés, matorrals et landes riches en éricacées ; ce complexe est associé, au-dessus de 1900 m, au secteur froid et humide des hautes altitudes de La Réunion ou « étage oligotherme hygrophile ». Dans ce secteur aux forts contrastes climatiques (variations thermiques journalières et saisonnières importantes, périodes hivernales froides, fort ensoleillement), existe une succession fine de climax étroitement liée au gradient altitudinal, et marquée par un abaissement progressif et conjoint de la végétation et des températures depuis les fourrés altimontains hauts de plusieurs mètres aux landes basses et prostrées des sommets de l'île.


Le versant sous le vent
  • Sur la côte sous le vent, dans l'ouest et le nord de l'île, la végétation présente un étagement similaire modulé par l'effet de fœhn qui relève les limites altitudinales des étages. Les parties basses de la côte sous le vent voient en conséquence apparaître un type de secteur climatique particulier, chaud (mégatherme), ensoleillé, plutôt sec (semi-xérophile), à caractère général subhumide et qui représente l'étage mégatherme semi-xérophile. Cet étage, en fait complexe, est le domaine de la forêt mégatherme semi-xérophile, souvent qualifiée de « forêt semi-sèche », qu'il faut comprendre comme un complexe mettant en scène des habitats de planèzes, des hauts de pente, de vires et parois rocheuses, de falaises et de pieds de falaise, d'éboulis rocheux, alliant des aspects herbacés, arbustifs et forestiers.
  • Au-dessus, on retrouve la forêt tropicale humide de montagne et le complexe altimontain du versant sous le vent, semblables à ceux du versant au vent, avec cependant quelques caractères propres.
A noter également la présence localement sur l'Île de microclimats, du fait du relief important et diversifié, favorisant localement le développement de « microhabitats » qui se distinguent de l'habitat principal dans lequel ils se trouvent. Exemple de la végétation arbustive à arborée présente sur les remparts de l'enclos du volcan, alors que la végétation dominante à ce niveau est caractérisée par une végétation basse, voir inexistante d'éricacées et de poacées. Il s'agit bien souvent de végétation dite azonale.