1646-1715 : « Baie du meilleur ancrage » et « Beau Pays »

l'implantation humaine au nord



Les premières implantations humaines de La Réunion, engagées à partir du milieu du XVIIe siècle,  sont dépendantes à la fois du seul moyen de transport d'origine possible qu'est le bateau, et des facilités de mise en valeur des terres. Ce sont sans doute les deux raisons qui expliquent la prééminence du développement d'origine dans le nord de l'île. Au nord-ouest, la baie de Saint-Paul est la seule qui soit accueillante pour les bateaux. Déroulée en arc de cercle entre la Pointe des Galets et le Cap La Houssaye, sableuse et non rocheuse, à l'abri des vents alizés, c'est « la baie du meilleur ancrage ». Au nord-est, les pentes de Sainte-Suzanne sont les plus douces et les plus fertiles que l'on puisse trouver sur l'île : elles vont rapidement devenir « le Beau Pays ».
C'est sur ces deux points de l'île que sont débarqués les premiers habitants : en 1646 à ce qui deviendra Quartier Français près de Sainte-Suzanne (12 mutins ou « ligueurs » exilés de Fort-Dauphin par le commandant Pronis) ; en 1654 à Saint-Paul (14 mutins de Fort-Dauphin à nouveau, dont Couillard, le second du commandant Flacourt).
La commodité d'accès par la baie de Saint-Paul favorise l'installation progressive autour de la lagune : Payen et ses compagnons en 1663 (12 personnes au total), et les premiers colons officiels en 1665 (dont Regnault). Immédiatement après Saint-Paul en 1665, le quartier de Sainte-Suzanne est fondé en 1667.
A mi-chemin entre les deux, celui de Saint-Denis est créé dès 1669 : c'est « la clef du Beau Pays », selon Regnault. Le site de la ville est en effet aux portes des pentes douces et fertiles du nord-est, déroulées jusqu'à Saint-Benoît en passant par Sainte-Suzanne ; et la rivière Saint-Denis, au pied du rempart de la Montagne, permet des débarquements ; plus tard, le site de Saint-Denis sera préféré aussi pour des raisons militaires et géographiques qui s'ajoutent aux motivations économiques : la rade paraît plus facilement défendable en cas d'attaque en provenance de la mer, et les liaisons avec l'Ile-de-France sont plus rapides grâce aux alizés et à la moindre distance à parcourir.