Cette évolution, plus insidieuse car s'opérant petit à petit, sans tambours ni trompettes contrairement aux inaugurations des nouvelles grosses voiries, s'avère un puissant processus de transformation des paysages. Elle s'accompagne en effet d'une réduction des jardins créoles et de leur fermeture par des clôtures en dur (financées par les opérations routières), d'une standardisation du paysage circulé habité en voiries anonymes de lotissements, d'une raréfaction de présence humaine piétonne, chassée par l'augmentation du trafic et de la vitesse des véhicules. Ce phénomène a notamment été mis au jour sur la RN2 de Saint-Benoît/Sainte-Rose à Saint-Philippe dès 1990 (livre et exposition « Paysage Côte Est », CAUE), mais il concerne globalement l'ensemble du réseau secondaire traditionnellement habité en routes « lignes de vie ».
Des ouvrages d'art exceptionnels et élégants émaillent son parcours ; une perception nouvelle des paysages de l'Ouest s'offre grâce à ce survol sans efforts et à mi-pentes, gommant les « aspérités » que forment les innombrables ravines franchies, même si cette perception est limitée par la rareté des séparations et décalages de chaussées (présents uniquement sur la séquence Cap La Houssaye) et par les dispositifs de protection qui barrent la vue avale en accompagnant la route (GBA : glissières en béton armé). La création de la route conduit à des remodelages urbains d’envergure, notamment à Saint-Paul sur 11 ha : réaménagement de la Chaussée Royale, création de nouveau quartier, création de la Promenade de Bernica vers la célèbre ravine classée.
Une future nouvelle route du littoral
Une troisième version de route du littoral est à venir. Etudiée depuis très longtemps avec de multiples variantes, elle consisterait à réaliser une voie davantage éloignée de la falaise, par une alternance de digues et de viaducs en mer.
Avec l'abandon du projet Tram Train en 2010 et les résultats du Grenelle de l'Environnement, les études visent désormais à intégrer, dans les emprises des ouvrages, l'espace nécessaire à la réalisation d'un site propre réservé aux transports collectifs, pouvant accueillir, dans un premier temps un système routier et à terme un système de transport en commun guidé. En outre, l'intégration au titre du Grenelle de l'Environnement des enjeux liés aux risques naturels majeurs nécessite une élévation du niveau des digues et viaducs tenant compte des effets estimés du réchauffement climatique.
En 2010, le démarrage des travaux est prévu courant 2013 et l'achèvement en 2020. Le coût estimatif global de l'opération est évalué à 1,6 Milliard d'euros.
Le développement des autocars
Les premiers autocars ont commencé à concurrencer le Ti Train à partir de 1910. Le réseau s’est développé pour desservir la population croissante diffusée dans l’île. Aujourd’hui, le réseau Car Jaune, géré par le Conseil Général, se compose de 17 lignes qui desservent principalement les villes de la périphérie de l’Ile situées sur le littoral ainsi que les hauts de la côte ouest.
Le projet Tram Train : la recherche de transports en commun
A défaut de train, la saturation du réseau routier liée à la politique du tout-voiture a conduit à une impasse. Dans les années 2000, la création d'un Tram Train est mise à l'étude, avant même que la Route des Tamarins, héritée des schémas de pensée des années 1980, soit achevée. De Sainte-Marie à Saint-Paul, le projet prévoit de traverser cinq villes sur 40 kilomètres, permettant des liaisons entre les villes et des arrêts aux principaux lieux de vie des centres (26 stations). A plus long terme, il prévoit la prolongation des lignes vers Saint-Benoît et Saint-Joseph.
Mais, après l'ambitieuse opération de la Route des Tamarins, le projet de Tram Train est devenu un enjeu politique majeur face aux coûts qu'il représente (engagement de la Région de 80 millions d'euros par an pendant 40 ans) et aux autres projets à financer, en particulier la nouvelle route du littoral entre Saint-Denis et La Possession. Aussi est-il abandonné en 2010.
Port Réunion
En 1970, le navire "Pierre Loti", de la Compagnie des Messageries Maritimes, assure sa dernière rotation métropole-Réunion : c'est la fin du transport de passagers par voie de mer, concurrencé par la mise en service des premiers avions à réaction sur la ligne Paris-Réunion.
Malgré tout, le trafic portuaire ne cesse de s'accroître sous l'impulsion du développement économique de l'île. Au carrefour des routes maritimes Asie/Amérique et Europe/Afrique, le seul port en eau profonde constitue l'artère économique de l'île, principal point de passage des marchandises, et représente un point privilégié pour l'éclatement des marchandises dans tout l'Océan Indien. L'isolement de La Réunion la fait dépendre étroitement de ses échanges avec l'extérieur et notamment des importations dans les secteurs énergétiques et alimentaires.
Outre le port principal de l'île, l'activité de plaisance et l'organisation de la pêche ont conduit, au cours des dernières années, à la création de nouveaux ports de petites dimensions répartis sur le pourtour de l'île : port de Sainte-Marie (au bout des pistes de l'aéroport), port de Saint-Gilles-les-Bains, de Saint-Leu, de Sainte-Rose, …
L’aéroport de Pierrefonds
A proximité de Saint-Pierre, l'aéroport de Pierrefonds a été créé en 1998. Il accueille son millionième passager en 2009. Proche de la mer, il favorise le développement de la région sud, d'autant qu'il prend place sur les pentes basses du Tampon/Saint-Pierre, peu pentues, bien desservies par la RN1 et raccordées vers le nord par la nouvelle Route des Tamarins.
Plus que l'aéroport Roland Garros en soi et ses 200 ha, qui restent collés au bord de mer de Sainte-Marie, ce sont les évolutions de ses abords qui ont considérablement marqué le paysage au cours des dernières décennies : ils se sont massivement urbanisés du fait de la proximité à Saint-Denis et de l'attractivité économique que représente l'aéroport. L'ensemble des espaces d'interface entre Saint-Denis et Sainte-Marie est certainement l'un des sites d'enjeux de paysage forts de La Réunion : c'est l'image d'accueil touristique qui se joue, par la porte que représente l'aéroport ; mais c'est aussi celle des entrées de la ville pour les usagers quotidiens, et celle de la relation entre la ville de Saint-Denis et les espaces à vocation agricole du Nord-Est, par la création d'une véritable lisière urbaine d'envergure (voir la partie « Orientations et recommandations » du présent Atlas).
L’aéroport Roland Garros de Gillot/Saint-Denis
Après l'atterrissage du premier avion sur le champ de Gillot en 1929 (le Farman du Capitaine Goulette), la piste de l'aéroport est revêtue en 1946 et le premier aérogare en dur est construit côté mer en 1951. Depuis, les aménagements n'ont cessé pour s'adapter à la fois à l'évolution des avions et du nombre de passagers : agrandissement de l'aérogare en 1958, puis construction de l'aérogare « fougère » en 1976 côté terre, qui sera agrandi en 1985 et en 1997-2002 ; construction de l'aérogare fret en 2002. La piste quant à elle est agrandie en 1967 pour accueillir les quadriréacteurs (B707), puis en 1970. Une deuxième piste est construite en 1994, autorisant les vols directs sans escale avec la métropole dans les deux sens. Aujourd'hui ces pistes doivent à nouveau être agrandies pour permettre l'atterrissage des A 380.
Avec plus de 50 vols directs par semaine vers la Métropole et plus de 100 vols directs par semaine vers l'étranger, l'aéroport a accueilli 1 750 000 passagers en 2009 (10ème rang national et au 2ème rang des DOM). Parallèlement, 27 500 tonnes de fret y ont transité en 2009 (6ème rang national et 1er rang des DOM).