A l'heure actuelle c'est l'Ouest qui, depuis quelques années, vit une profonde transformation de ses paysages avec l'irrigation des terres des mi-pentes et des bas.
Les étendues sèches de savane plus ou moins arbustive cèdent peu à peu la place aux vertes étendues de canne à sucre. Le Conseil Général, avec des financements européens, met en œuvre l'ambitieux projet ILO (irrigation du littoral ouest) de transfert des eaux pour irriguer l'Ouest ; son coût est estimé à 855 millions d'euros (en 2009). Le principe consiste à capter de l'eau dans la rivière du Mât et dans la rivière des Galets et à les acheminer par canalisations enterrées sur l'Ouest. Plus précisément, les prises d'eau sur la rivière Fleurs Jaunes et sur le bras de Sainte-Suzanne, affluents de la rivière des Galets, sont reliées par un tunnel jusqu'au réservoir Mon Repos (cote 275), à partir duquel l'eau est distribuée sur l'Ouest en 8 antennes. ILO s'ajoute à une irrigation déjà assurée autour de Saint-Leu par des captages dans le cirque de Cilaos.
Les études, amorcées par le Conseil Général en 1983, ont conduit aux premiers travaux de creusement du tunnel de Mafate en 1989. A terme, les eaux devraient alimenter plus de 3 000 exploitations agricoles et irriguer un périmètre de 7 150 ha de terres cultivables dont :
ILO devrait permettre une augmentation de la production de canne à sucre de 300 000 t par an, soit 50 000 t de sucre. La production actuelle, de l'ordre de 200 000 t de sucre par an, est en effet inférieure au quota sucrier de La Réunion, fixé à 296 000 t. Le confortement de la filière canne - sucre - bagasse - électricité participera à la préservation de 15 000 emplois et des deux usines sucrières en activité.
Par ailleurs, le projet permettra une diversification rentable en maraîchage et arboriculture (20%) et en fourrage (5%).
Le transfert des eaux permettra en outre d'apporter un complément de ressource en eau pour cinq communes (Le Port, La Possession, Saint Paul, Trois Bassins et Saint Leu) comptant au total 180 000 habitants (25,5% de la population réunionnaise, données recensement 1999). Enfin il doit contribuer à la recharge de la nappe de la Rivière des Galets (9%)
L'arrivée de l'eau suppose une stricte protection des espaces à vocation agricole, dans un contexte de forte pression d'urbanisation. Aussi en 1992 le Conseil Général a demandé au Préfet d'établir un PIG (projet d'intérêt général) qui couvre les zones agricoles (NC) des documents d'urbanisme, soit 9 200 ha. Dans la zone PIG, les projets ne doivent pas entraver la possibilité d'établir le projet d'irrigation. A l'intérieur de ce zonage, les zones irriguées, définies par DUP (Déclaration d'Utilité Publique), sont inconstructibles ; elles représentent 7 150 ha et doivent être garanties jusqu'à 10 ans après la mise en service : soit 2023.
Malheureusement l'énorme projet ILO n'a pas été conçu comme un véritable projet de paysage et de territoire, articulant les espaces agricoles ou à vocation agricole créés par l'opération, avec les espaces urbains ou à vocation urbaine existants ou nécessaires. Seule une réglementation traduite en zonage a été élaborée, peu constructive, conduisant à des situations bloquées conflictuelles de positions entre zonages agricoles et zonages urbains. L'agro-urbanisme reste à inventer (voir les orientations ci-dessous).
Enfin, le paysage de l'eau a évolué récemment avec la multiplication des piscines privatives et, dans les Hauts, la création de retenues collinaires destinées à l'irrigation des terres.