Le tourisme de masse est un phénomène récent à La Réunion. En 1963, l'île ne compte que 4 hôtels de tourisme et reçoit 3000 visiteurs. En 1967, le premier Boeing 707 se pose sur l'aéroport de Gillot ; mais l'île reste peu attractive, à cause notamment du monopole d'Air France (et Air Madagascar) sur la destination. Il faut attendre la dérèglementation du trafic aérien (dans les années 1983-86) pour que le tourisme commence à se développer de façon spontanée, et c'est finalement au cours des années 1990 qu'il se développe véritablement, jusqu'à devenir une des ressources économiques importantes de l'île.
En 2000, le chiffre d'affaires du tourisme dépasse celui de l'industrie sucrière locale. Les initiatives se multiplient : des meublés de vacances ouvrent dans l'ouest de l'île ; en 2001, plusieurs communes élaborent le concept des Villages créoles, afin de valoriser la diversité du patrimoine réunionnais. Quinze villages vont ainsi mettre en avant leur spécificité. Pour Bourg-Murat, c'est vivre aux portes du volcan; pour l'Entre-Deux, ce sont les maisons et cases créoles. Une charte de qualité « Réunion Qualité Tourisme » a été élaborée en 1995 et récompense les meilleurs prestataires de l'hébergement et de la restauration. En 2002, 70 établissements ont rejoint le palmarès des « chartés ». L'accent est mis sur la communication, l'idée étant que pour développer le tourisme, il faut faire connaître La Réunion et en donner une image positive. En matière de paysage, l'écart reste par endroits assez grand entre l'appellation « village créole », séduisante, et la réalité des espaces d'accueil et de vie, nettement banalisés.
Le bilan de dix années de développement est positif : La Réunion accueille 426 000 touristes en 2002 et se classe au cinquième rang des destinations lointaines choisies par les Métropolitains. Les régions se sont inégalement développées, le tourisme bénéficiant surtout au nord et aux plages de l'Ouest. Ces succès encouragent les municipalités jusqu'ici peu concernées par cette nouvelle manne, par exemple Saint-Louis ou Sainte-Suzanne, à prendre des initiatives pour attirer les touristes, autant extérieurs qu'intérieurs. Une nouvelle compagnie aérienne, Air Bourbon, dont le capital est en partie réunionnais, effectue ses premiers vols entre la métropole et l'île après un début difficile.
Une réflexion est engagée sur les problèmes de l'impact du tourisme sur l'environnement, notamment le tourisme intérieur, lui aussi en augmentation grâce à l'aménagement des espaces récréatifs, des sentiers de randonnées et des aires de pique-nique, entraînant une pollution des sites naturels qui n'avait pas été anticipée. Mais globalement, lorsque la région Réunion publie en 2004 le texte du Schéma de développement touristique de La Réunion, l'heure est à l'optimisme : l'île a accueilli 430 000 touristes extérieurs, générant 6 000 emplois dans le secteur, « 6,5% de l'emploi salarié marchand total ».
En mars 2005, le conseil régional, nouvel acteur institutionnel principal du tourisme sur l'île suite au transfert des compétences du département, propose l'objectif ambitieux de dépasser le million de touristes en 2020. Mais la foudroyante épidémie de chikungunya qui débute fin 2005 et connaît un pic en janvier 2006 a un effet dissuasif sur les visiteurs, les recettes touristiques extérieures diminuant de 27%, tandis que l'emploi est durement frappé dans l'hôtellerie. Il faut attendre l’orée des années 2010 pour que le nombre de visiteurs retrouve un niveau proche des meilleures années (432 000 touristes en 2003), avec 422 000 visiteurs ayant séjourné à La Réunion en 2009.
Plus de la moitié des dépenses touristiques effectuées sur l'île sont réalisés par la clientèle locale (480 millions d'euros sur 846 millions en 2005).
D'autres objectifs de développement touristique émergent sur les dernières années, ne visant plus le tourisme de masse, jugé illusoire voire dangereux à terme, mais plutôt un tourisme vert et haut de gamme, qui suppose des paysages protégés et gérés. La création du Parc National en 2007, l'inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2010, sont évidemment des mesures phares en ce sens. Mais d'autres témoignent de cette orientation, comme la création de la Réserve naturelle marine, ou les projets d'écolodges.