Sur les dernières années, plusieurs expériences témoignent de la prise en compte croissante de l'enjeu qualitatif dans les opérations locales d'aménagement du territoire insulaire. A l'échelle de l'île, elles ne représentent encore que des piqûres d'épingle. Mais elles sont le reflet de plusieurs dispositions globales d'aménagement qui ont aussi émergé récemment : la création du Parc National (2007), l'inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO (2010), la révision du SAR, la recherche de transports en commun structurants, la mise en place des intercommunalités et des SCOT, la réalisation de chartes paysagères et architecturales, etc. L'ensemble traduit une progressive prise de conscience d'un nécessaire aménagement durable de l'île, à la fois viable, vivable et équitable.
Le paysage urbain évolue dans des dispositions plus douces où le tout-voiture n'impose plus sa logique de façon exclusive.
A Saint-Denis par exemple, la rue du Maréchal Leclerc est partiellement piétonnisée, des voies en site propre sont mises en place pour les bus, le boulevard sud est heureusement aménagé dans des dispositions plus urbaines et moins routières.
A Saint-Leu l'aménagement de la place met en valeur les beaux bâtiments patrimoniaux de la mairie.
Les relations des villes à leur environnement s'améliorent.
A Saint-Pierre, le bord de mer est aménagé en promenade, les plantations généreuses d'essences diverses et en partie indigènes offrant des ambiances et un ombrage agréables tout en jouant leur rôle de lutte contre l'érosion de façon à la fois douce et efficace.
A Saint-Paul, la Chaussée Royale a été transformée en avenue plantée, avec trottoirs élargis, circulation douce et remise en valeur du canal, tandis qu'une grande Promenade relie désormais Saint-Paul au site classé de la ravine Bernica. Fait remarquable et trop rare, ce vaste projet urbain s'est réalisé concomitamment à la réalisation d'un projet d'infrastructure (la Route des Tamarins) dont on craignait les effets sur un site urbain et naturel fragile (ville, réserve naturelle de l'étang, site classé de la ravine Bernica, …). Inscrit dans un projet de paysage global, le projet routier a pu être initiateur de revalorisation du site de Saint-Paul.
A Saint-Paul toujours, le réaménagement du bord de mer est à l'étude (2010) et un appontement a déjà été créé pour favoriser les usages maritimes.
Au Port l'opération « la Ville est Port » vise à renouer les liens entre la ville et son littoral.
Le site de la Pointe de Trois-Bassins est réaménagé de façon simple et efficace en reculant les voitures du littoral et en créant des cheminements piétonniers.
Le site de la Pointe-au-Sel, outre la réhabilitation des salines, bénéficie d'un accueil mieux maîtrisé.
Le sentier littoral devient progressivement une réalité, permettant enfin aux visiteurs d'apprécier le trait de côte de La Réunion, merveilleusement diversifié.
Certains bourgs réussissent à valoriser leur patrimoine architectural jusqu'à composer des paysages urbains remarquables, notamment l'Entre-Deux et Hell-Bourg.
D'autres bourgs améliorent l'accueil au travers de leurs espaces publics (Cilaos rue principale).
Certains îlets des cirques réussissent à maîtriser leur architecture et leur environnement jusqu'à offrir des ambiances de grande qualité : Ilet-à-Bourse, Cayenne.
Des sites densément fréquentés parviennent à préserver et à mettre en scène la qualité du cadre d'accueil : le gîte du volcan, la plage de Grande Anse.
Quelques opérations marquent une progression dans le paysage bâti contemporain, en termes d’urbanisme, d’architecture et, au final, de paysage : le parc de la Poudrière à l’Etang Saint-Paul, (CBO territoria) par exemple présente un quartier paysagé et aéré proche de la forêt de l’étang par la qualité environnementale et architecturale des opérations de collectifs.
Depuis quelques années, une structure d’accompagnement des acteurs du cadre bâti s’est mise en place, sous l’impulsion de professionnels régionaux œuvrant dans la promotion de la construction durable.
Le Centre de Ressources Qualité Environnementale du Cadre Bâti, enviroBAT-Réunion, dont la gestion et l’animation en ont été confiées au CAUE de la Réunion, a pour objectif de sensibiliser, d’informer et d’accompagner les acteurs concernés par les préoccupations environnementales et le développement de la qualité environnementale dans les opérations concernant le cadre bâti (construction, réhabilitation, opération d’aménagement, d’infrastructure, …). Il favorise la sensibilisation et les échanges entre les différents acteurs afin de partager recherches, retours d’expériences et propositions de solutions intégrant les notions de développement durable.
Les opérations ainsi référencées participent à l’avancement des recherches, constituent une base de référence en architecture tropical et prennent une place grandissante dans le paysage réunionnais.