Une forte opposition se dégage aujourd’hui à l'échelle de l'île entre les pentes basses et intermédiaires, largement gagnées par l'urbanisation, et les pentes hautes et reliefs intérieurs, presque inhabités. Aujourd’hui, 85% de la population occupe 1/3 de la superficie de l’île. 80 % de la population habite dans une bande littorale de 5 km de large ; 47% vivent à moins de 100 m d'altitude.
Le schéma grossier de l'île est celui d'une ceinture littorale urbanisée encerclant un coeur vert de nature. « Nous sommes dans une île où le centre est la périphérie et la périphérie le centre », comme l'explique le géographe JM Jauze (Université de La Réunion) à ses étudiants.
Spatialement, le scénario tendanciel qui se dessine pour l’île au regard des dynamiques des dernières décennies est celui d’une ceinture d’urbanisation continue, courant de Sainte-Rose/Saint-Benoît à Saint-Joseph/Saint-Philippe en n’épargnant que le secteur des pentes du volcan actif. Cette ceinture se développe essentiellement sur les pentes basses et les mi-pentes habitables ; l’espace littoral est préservé tant bien que mal par la Loi Littoral, les acquisitions du Conservatoire du Littoral, les coupures d’urbanisation, les espaces naturels sensibles et les réserves créées ; les Hauts restent de fait stables, pris pour une grande majorité dans le Parc National, et dévolus à un tourisme de nature fondé sur l’équilibre délicat entre la fréquentation pour les usages de loisirs et la préservation de la biodiversité.
Ce scénario, dans son radicalisme simple, n'est pas sans poser problème. Il offre une vision planificatrice du territoire qui, poussée à l'extrême, constitue un risque de fracture environnementale et paysagère préjudiciable au développement durable de l'île : les dimensions viable, vivable et équitable du développement de l'île sont en jeu.