Atlas des paysages de La Réunion




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Premières esquisses de paysages


1. LE PREMIER PAYSAGE ESQUISSE :

la baie de Saint-Paul vue par Carpeau du Saussay
Les deux tiers du XVIIe siècle sont écoulés et le mot paysage ne semble pas encore avoir été employé à propos de la Réunion, pas plus d’ailleurs qu’un voyageur n’en a fait de description. Il faut dire qu’à cette date, l’île est encore très peu défrichée, plantée, mise en valeur. Les campagnes cultivées, les seuls paysages qui sont perçus comme tels par ceux qui voyagent dans l’Europe à cette même époque, sont à la Réunion à peu près inexistantes. Et les paysages naturels de l’île vierge, ceux des pentes boisées, du littoral, des falaises et des plages à peu près désertes, du lagon, tous ceux qui aujourd’hui nous font rêver, nous qui n’en n’avons à peu près plus à nous mettre “sous l’oeil”, n’existent pas aux yeux des hommes du XVIIe siècle qui débarquent sur cette île.

C’est  à Carpeau du Saussay que l’on doit la première véritable description de paysage de la Réunion, et, fait significatif, c’est d’ailleurs lui qui emploiera le premier ce mot “paysage”.

En 1666, il a la curiosité de visiter Mascarin depuis Madagascar avant de rentrer en France. Incontestablement il est sensible à la beauté de la baie de Saint-Paul, et pour la première fois on trouve une véritable description de paysage, distincte de l’intérêt alimentaire ou purement pratique que notent ses prédécesseurs ou ses contemporains en inventoriant les bontés du pays. Pour la première fois aussi il parle de vues, il évoque la forme de l’étang de Saint-Paul.
“(...) nous nous campâmes proche de la mer, dans un fond le plus agréable du monde, auprès d’un ruisseau dont l’eau faisait envie par sa fraîcheur et par sa beauté. Nous avions d’un côté la vue sur la mer ; d’un autre celle d’une montagne de roches à perte de vue. Nous étions environnés d’un grand étang en forme de croissant (...). Dès la pointe du jour nous quittâmes ce paysage enchanté (...)”

Cette description, on le voit, reste brève, seulement esquissée.

Carpeau du Saussay n’ira d’ailleurs pas jusqu’à s’aventurer à découvrir l’ensemble de l’île! Et c’est le prétexte d’un mal de tête qui lui épargne l’idée saugrenue du sieur Champmargou, ci-devant commandant de Fort-Dauphin, d’aller visiter plus avant l’île.

“Ce qu’on voyait de ce beau pays fit naître à Monsieur Champmargou l’envie de le voir entièrement. Il avait, comme je l’ai déjà dit, beaucoup de bonté pour moi. Il crut me faire plaisir en me proposant d’aller avec lui. Je lui témoignais que j’avais un grand mal de tête qui m’empêchait d’accepter l’honneur qu’il m’offrait, que j’irais à la chasse pour le régaler à son retour, et que je me croirais dédommagé de n’avoir vu le reste de ce pays s’il voulait bien prendre la peine de me faire part de ce qu’il y aurait remarqué.”

Champmargou ne pourra mener son expédition à cause du mauvais temps :
“Il fut obligé de nous joindre, sans avoir pu satisfaire sa curiosité”.

2. DEUXIEME PAYSAGE ESQUISSE :

la côte Nord-Est vue par François Leguat.
François Leguat, un huguenot, arrive au large des côtes de Bourbon en avril 1691. Le capitaine de l’Hirondelle  refuse de débarquer à Bourbon, ayant appris à son escale au Cap que l’île est toujours habitée, ce qui pourrait être dangereux pour des huguenots. François Leguat regarde donc simplement l’île depuis le bateau qui longe les côtes, et son texte tente indiscutablement de décrire un paysage sous forme d’un tableau idyllique. On notera que la montagne est considérée de façon négative en étant opposée au “pays presque uni” qui porte les cultures.

“De l’endroit où nous nous arrêtâmes pour jeter les yeux pendant quelques moments sur cet admirable pays, nous en découvrîmes diverses beautés. Des montagnes s’élèvent vers le milieu, mais toute la partie de l’île qui se présentait de notre côté nous parut être un pays presque uni. Et nous pouvions aisément discerner l’agréable mélange de bois, de ruisseaux et de plaines émaillées d’une ravissante verdure. Si notre vue était parfaitement satisfaite, notre odorat ne l’était pas moins, car l’air était parfumé d’une odeur charmante qui venait de l’île et qui apparemment s’exhalait en partie des citronniers et des orangers qui y sont en grande abondance”.

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