Atlas des paysages de La Réunion




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1715-1807 : la colonisation du XVIIIe siècle, le temps des implantations littorales, la naissance du paysage urbain


La population n'atteint pas le millier d'habitants en 1710 (894 habitants en 1709). Le café à partir de 1715, ainsi que les indispensables cultures vivrières, vont accélérer son augmentation, d'autant que la mise en valeur des terres nécessite de la main d'oeuvre et va conduire au développement massif de l'esclavage : 8000 habitants en 1735 (à l'arrivée de La Bourdonnais), 22 300 en 1761, 47 195 en 1788 (dont ... 38 000 esclaves), 67 569 habitants en 1805 (dont 52 188 esclaves). La traite s'organise d'Afrique orientale, de Madagascar mais aussi d'Inde. La progression des colons est rapide : ils occupent la région du Gol en 1719, les pentes du Bras de Cilaos et du Bras de la Plaine en 1725, Vincendo en 1731. En 1740, les basses pentes sont pratiquement occupées. Cinq quartiers principaux se constituent. Outre Saint-Paul, Saint-Denis et Sainte-Suzanne, les quartiers de Saint-Benoît et de Saint-Pierre marquent les prolongements des premières implantations vers l'est et vers le sud. C'est de cette époque que datent les plans en damiers, qui marquent aujourd'hui les paysages urbains de Saint-Denis et de Saint-Pierre au premier chef, mais aussi de Saint-Paul. Celui de Saint-Denis est tracé par l'ingénieur Paradis en 1732, sur ordre du gouverneur Dumas.
Pour conquérir les terres vierges, de nouveaux quartiers sont fondés : Sainte-Marie, Saint-André et Saint-Louis en 1768, Saint-Leu en 1777, Saint-Joseph en 1785. Quant aux Hauts, c'est la soif de liberté qui conduit à leur occupation par les noirs marrons, esclaves évadés, premiers habitants des cirques.
Presque tous les quartiers restent des villages aux habitations dispersées dans les « écarts », aux multiples paillotes. Seules les villes de Saint-Denis, de Saint-Paul et de Saint-Pierre se constituent progressivement dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Sur la base des plans en damiers, les pâtés de maisons se remplissent, de nouvelles rues se créent. A Saint-Denis, des nouveaux entrepôts s'implantent sur le bord de mer ; le Jardin du Roi, futur jardin de l'Etat, est aménagé en haut de la rue Royale. « Le règlement d'urbanisme de Bellecombe et Crémont de 1772 et le plan de Banks de 1774 définissent enfin des normes : l'entourage des « emplacements », le type de construction (suppression des paillotes), la largeur des rues et jusqu'à l'emplacement des latrines sont codifiés. (...) Les moyens accrus des propriétaires leur permettent de construire, en bois ou en dur, les premières « villas créoles ». (D. Vaxelaire, le grand livre de l'histoire de La Réunion).
Entre les quartiers qui s'établissent autour de l'île, les échanges se font par voie de mer, au moyen de chaloupes pontées, de goélettes, de gabares, qui s'ajoutent aux bricks ou aux trois-mâts venus de France. Le littoral est donc investi par nécessité et des débarcadères essaiment sur la côte. On compte ainsi une quarantaine de « marines » sur le tour de l'île, dont une dizaine sur Saint-Denis. Les chemins terrestres sont empruntés à pied, à cheval ou en palanquins portés par les esclaves ; ils sont difficiles, et supposent notamment la traversée des ravines à gué.
Entre le nord et l'ouest, l'obstacle des falaises de la Montagne, à pic dans la mer, a conduit à la création d'un chemin au-dessus des falaises, entre Saint-Denis et La Possession, pavé entre 1730 et 1735 : c'est le « chemin des Anglais », ainsi appelé parce que les Anglais l'ont emprunté en 1810 pour attaquer Saint-Denis.

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