Atlas des paysages de La Réunion |
Caractéristiques et valeurs paysagères clésLarge unité implantée entre la Rivière des Pluies et la Rivière des Roches. Elle déroule des pentes longues et régulières entrecoupées par les ondulations vert sombre des ravines.
Arrière pays formé du dense maillage de ravines et des ondulations harmonieuses du relief vers Saint-André et Bras-Panon. Les nombreuses ravines qui sillonnent le territoire sont autant de petits corridors écologiques pour la faune et la flore. Ceux-ci débouchent au niveau du littoral, formant de petites mares ou alimentant des zones humides littorales comme l'étang de Bois rouge.
Trois ravines principales découpent le territoire avec une ouverture béante sur le littoral : la Rivière des Roches, la Rivière des Pluies, la Rivière du Mât, à l'entrée du Cirque de Salazie. Ces trois ravines pérennes constituent les grands corridors écologiques de l'Est de l'Île pour les oiseaux marins, forestiers, les insectes et la faune « aquatique ».
Ces grandes rivières permettent aussi la pratique de nombreuses activités en eaux vives permises par des eaux souvent tumultueuses des rivières. Un paysage très ouvert perceptible depuis la RN2
Un paysage agricole formé de longues pentes de canne à sucre s'étalant depuis le littoral jusqu'à parfois 5 à 600 m d'altitude. Le « Beau pays » au climat doux et humide et aux sols fertiles a dès la fin du XVIIème siècle favorisé le développement des cultures : riz, blé, tabac, vigne,café (Moka), épices, vanilles, Ylang Ylang , Manioc…. Les champs de canne à sucre préservent les terres de l'érosion et de l'imperméabilisation et assurent une relative « transparence écologique », ils sont d'ailleurs fréquentés par certains oiseaux indigènes dont les cailles et les papangues. Ces champs sont entrecoupés par des « taches » d'urbanisation, d'espaces naturels et/ou de ravines, ces deux derniers préservant une certaine richesse biologique et la ressource en eau. Les anciens domaines sucriers se distinguent par les alignements de palmiers qui autrefois rejoignaient le littoral sur les pentes de Sainte-Marie et Sainte-Suzanne. Le passage de la RN2 doublée a largement fragilisés certains alignements : Le Grand Hazier, Franche Terre…
Des vallons aux paysages cultivés harmonieux et équilibrés vers Commune Caron et Commune Ango à Sainte-Suzanne.
Ouverture du paysage sur les hauts, en bordure de la cassure de la Rivière du Mât à la sortie de Bras-Panon. Paysage particulièrement remarquable ouvrant la vue vers Salazie.
Des alignements d'éoliennes forment deux lignes « visibles » dans le paysage sur les crêtes de Sainte-Suzanne.
Un patrimoine architectural et paysager lié à l’épopée du sucreL'histoire agricole a marqué le territoire par les anciens domaines encore très lisibles dans le paysage ouvert des pentes. Les cases des anciens domaines et les alignements de palmiers en constituent le témoignage le plus marquant : le Grand Hazier, la Confiance, la maison Valliamée à Saint-André. Certains jardins autrefois majestueux ont gardé une âme grâce à l'attention de leur propriétaire comme au Domaine du Grand Hazier, mais beaucoup ont disparu.
L'empreinte des anciennes usines sucrières dans le territoire. L'usine sucrière de La Mare a été intégrée à une zone d'activité, l'usine de Bois Rouge est encore en activité.
Le sentier littoral longe les anciennes gares et les traces de l'ancien chemin de fer, soulignant au passage le phare de Sainte-Suzanne et l'ancienne marine, dont il ne reste que peu de traces.
Grande variété de lieux cultuels qui illustrent le métissage de la société réunionnaise : temples hindouistes, chapelle Bel Air…
Des écarts ponctuant les grands paysages agricolesLes hameaux issus des très grandes propriétés sucrières du XIXème s'étendaient de la mer à la montagne. Ils s'articulaient sur 3 niveaux jusqu'à 600 m d'altitude : le littoral, les pentes moyennes et les hauts.
Bourgs en belvédères, souvent liés aux grandes propriétés et bénéficiant de l'ouverture sur le paysage littoral : Bois Rouge, Terrain Elisa, Bagatelle, Ravine des Chèvres, Deux rives, Bras de Chevrette… Ecarts isolés, laissant parfois entrevoir des cases traditionnelles aux cours agréablement plantées. A proximité, des lotissements et des maisons récentes sur parcelles étroites et bétonnées affichent l'évolution des modes de vie et d'habitat.
La plaine de Quartier Français proche de Bois Rouge affiche ses belles terres de canne dans une des rares plaines littorales préservée du mitage. Les canaux de cette zone humide et la limite créée par la Rivière Saint-Jean participent à la préservation du milieu et à sa richesse écologique. Ces champs constituent d'ailleurs des terrains de chasse appréciés des Papangues.
La perception de l’étendue de la plaine est fortement liée aux champs de canne ; les étroits couloirs libérés le long de la voie par la canne à maturité, peut se transformer en quelques jours en vastes étendues ouvertes sur le littoral et les hauts. La Plaine de Champ Borne, formée par les alluvions de la Rivière du Mât, offre des terres fertiles autrefois occupées par des cultures de tabac et de fruitiers. Le Grand Canal, seule rivière de la plaine qui apportait autrefois l’eau à l’usine de Ravine Creuse et qui mène à La Rivière du Mât, traverse cette plaine lacérée de routes et chemins agricoles. Aucun obstacle naturel ne freine l’étalement urbain des bourgs de la plaine.
La plaine de Bras-Panon, bordant la Rivière du Mat offre des espaces de qualité proches de la plaine de Quartier Français…
Le littoral humide est renommé pour le stationnement de limicoles. Le littoral forme une mince bande végétale bordée de plages de galets. A champ Borne, les boisements de vacoas mettent en scène un littoral, discrêt et peu fréquenté. Des zones humides, des rivières et des bassins :La Rivière du Mât, un des plus importants cours d’eau de l’île, offre une belle diversité d’ambiances : large embouchure de galets sur le littoral, premières falaises de l’entrée du cirque de Salazie (parc de la Rivière du Mât) et couloir majestueux participant à la découverte du cirque…. (cascades , parois vertigineuses colonisées de lianes….). Cours d'eau pérenne le plus long de La Réunion, il présente, un intérêt hydrobiologique remarquable pour la migration de poissons et crustacés amphihalins et une large zone de divagation nécessaire à leur reproduction. Ce corridor biologique abrite également des nidifications d’oiseaux marins protégés et d’oiseaux forestiers sur les remparts. De nombreux limicoles sont observables à l'embouchure dont des espèces protégées. Son embouchure est d’ailleurs un site d'importance pour la pêche de bichique.
Les pentes douces sont interrompues entre Sainte-Suzanne et Bras-Panon, par la vaste plaine alluviale de l'embouchure de la Rivière du Mât, exutoire du cirque de Salazie. Dans cette vaste étendue sans relief, les rivières Sainte-Suzanne et la Rivière Saint-Jean déroulent leurs méandres où se cristallisent une végétation dominée par le bambou et des formations humides typiques de l'île caractéristiques du paysage particulier du dit « Bocage ». Ce paysage de rivières en eaux calmes est unique dans l'île. Ces méandres sont fréquentés par de nombreuses espèces de poissons, d’oiseaux d'eaux comme la Poule d'eau et le Héron vert et de libellules qui animent discrètement le paysage. Aux nombreuses ravines qui sillonnent les pentes, s'ajoutent des bassins et cascades apportant fraîcheur et végétation verdoyante… : Cascade Niagara, Cascade du Chien. Le site de la Cascade Niagara prise dans les immenses parois totalement recouvertes de végétation forme un cirque encaissé remarquable, mis en scène par le vallon que l'on emprunte en longeant la Rivière Sainte-Suzanne.
L’Etang de Bois Rouge, un des trois étangs littoraux de l’île, est une zone humide alimentée par des sources d’une grande richesse biologique.
Le paysage très horizontal formé par ce long marécage est ouvert sur le littoral à l’aval et sur d’imposants reliefs des montagnes à l'amont. L’étang abrite une faune remarquable dont des oiseaux d’eau, des poissons, des macrocrustacés, des insectes et une flore patrimoniale d’intérêt avec une des principales stations de La Réunion à Cyperus expansus. Le parc du Bocage, s’intègre au creux des méandres de la Rivière Sainte Suzanne et forme un espace de nature très apprécié et une transition harmonieuse entre le milieu urbanisé et le milieu naturel.
Le site de Bassin La Paix, fait partie des grands sites naturels de l'île. Le sentier pédestre permet de découvrir, après l'avoir entendue, la chute d'eau au débit impressionnant et les bassins. Le long de la rivière, plusieurs bassins se succèdent jusqu'au Bassin la Mer et ses deux cascades remarquables. Ces sites sont en outre valorisés par des formations d'orgues basaltiques spectaculaires. Bassin Bœuf et sa cascade, accessibles à partir d'un sentier ombragé que l'on rejoint en sautant de pierre en pierre dans la rivière Sainte Suzanne. Les hauts sont quant à eux recouverts d'une succession de formations végétales humides très préservées et riches, typiques des milieux tropicaux où les fougères et orchidées foisonnent.
Forêts relativement bien préservées, découpées par les nombreuses ravines, dominées par les frondes des fougères et les cimes arrondies des mahots. Très belles vues en surplomb de la partie nord du cirque de Salazie, depuis le Piton Plaine des Fougères et Bé Massoune, qu'un sentier de crête permet d'atteindre depuis les hauts de Sainte-Marie. La Plaine des Lianes permet -avec difficulté- de découvrir un des sentiers les plus authentiques pénétrant les mystères de la forêt primaire. Sentier des mousses, jungle de lianes et de racines. Offre une vue inhabituelle du trou de fer et permet de côtoyer de très belles pandanaies de montagne à la différence de la forêt de la plaine des Fougères. La forêt de la Plaine des Lianes est d’ailleurs mieux conservée notamment dans les bas.
Les basses pentes longtemps réservées à la culture et aux échanges commerciaux via le cabotage puis le chemin de fer, ont évolué depuis plusieurs années sous la pression de développement urbain et agricole.
Les écarts, connaissent pour la plupart des expansions : essor démographique, spéculation sur terres agricoles… sous forme de petits lotissements mal intégrés.
Ce développement se traduit par l'étalement de petits lotissements au détriment des espaces agricoles et des entités compacts et plantées des écarts. Ces nouveaux quartiers souvent réalisés le long des routes, sans réels projets d'aménagement d'ensemble, consomment des surfaces jusqu'alors préservées et réservées à l'agriculture. L'urbanisation linéaire le long des voies dégrade les paysages d'entrées de villages, et conduit à un rétrécissement voire à une suppression des coupures d'urbanisation entre les bourgs. |
Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes - Ne pas reproduire sans autorisation