Atlas des paysages de La Réunion |
Caractéristiques et valeurs paysagères clésPentes dominées par la Plaine des Chicot et entaillées par deux ravines majeures, la Rivière Saint-Denis et la Rivière des Pluies et par trois ravines structurantes, la Ravine du Butor, la Ravine des Patates à Durand et la Ravine du Chaudron.
Les deux grandes ravines pérennes qui délimitent l'unité sont de véritables corridors écologiques reliant les hauts et les bas dont l'intérêt régional pour la faune notamment piscicole et oiseaux marins est reconnu, malgré les différentes perturbations qu'elles subissent : déversements de déchets, d'eaux usées et pluviales, défrichements, prélèvement d'eau et imperméabilisation des berges,... Les rives dont la végétation est fortement dégradée assurent également un rôle fonctionnel pour la faune et la flore. Ces grandes ravines, souvent « négligées à leur embouchure » offrent lorsque le lit se resserre des paysages extraordinaires (majesté des remparts, luxuriance végétale, fraîcheur et bassins...) créant des lieux de nature souvent méconnus et proches du littoral. Une ville « blanche » en damier régulier, dessinant des perspectives sur le grand paysageEtablissement humain sur le site de St Denis rendu possible par la rencontre entre une région vaste et riche et un espace maritime
Mise en scène du grand paysage par le plan colonial en damier libérant des vues sur les pentes en amont et le littoral en aval. Le premier plan de la ville est le plan Paradis qui date de 1733. S'appuyant sur un axe préexistant orienté nord-sud, il fixe la structure en damier qui sera actualisée par le plan Guyomar de 1742, puis par le plan Bank en 1777 donnant sa trame définitive à la ville. L'implantation urbaine est limitée par des barrières naturelles et les voies sont esquissées de manière à suggérer au Sud et surtout à l'Est un prolongement à l'infini dans la campagne environnante.
Ce plan d'urbanisme simplifié avec des voies orthogonales et des ilots réguliers est caractéristique des principales villes de l'île ( St Pierre, St Paul…) implantées sur la partie plane du littoral ; les lignes droites ne font en effet pas bon ménage avec le relief. A Saint Denis, les routes passent ainsi du damier à une multitude de méandres qui suivent la topographie pour se propager sur les pentes. Limitée à l'Ouest par la Rivière St Denis, l'extension est de la Ville vers Ste Clotilde et le Chaudron, a généré une urbanisation de « banlieue » sans plan de composition associant habitat et enseignes commerciales le long des axes routiers, l'implantation d'équipements sur le littoral… La technopole, fortement paysagée, fait figure d'exception.
La ville densément urbanisée, offre peu de perméabilité à la faune et la flore, les jardins composés d'espèces exotiques offrent surtout des milieux favorables à l'avifaune notamment et aux insectes. Un processus de disparition du bâti traditionnel enrayé dès 1997 par le POS. De nombreuses cases ont été réhabilitées dans le cœur de ville (rue de Paris, rue Jean Chatel…) rendant possible la ZPPAUP ébauchée en 1991 et non encore mise en œuvre. Saint-Denis a concentré ces dernières années de remarquables réhabilitations de case et de monuments.
Attrait des façades et de leur balcon composant un ensemble de rues agréables, valorisées par une architecture réhabilitée en centre ville.
Les rues du centre ville commercial, à l'ambiance dense et très minérale contrastent avec le centre ville des cases à terre où l'on retrouve des jardins à la végétation parfois dense. Des clôtures formées de grilles ou de barreaux émerge des masses végétales parfois imposantes participant à l'ambiance de la rue et à l'ombrage des trottoirs. Les monuments historiques ont marqué de leur empreinte plusieurs quartiers : l’architecture militaire des bâtiments de la Redoute, les bâtiments du Barachois (DDE, ….), la cathédrale…
Des bâtiments contemporains qui ont marqué l’histoire de La Réunion : en particulier l’oeuvre de Jean Bossu, (disciple de Le Corbusier) à l’origine de La Poste de Saint-Denis, La chambre d’agriculture, la DAF ….
Extension urbaine des pentes sans logique de composition et d'insertion paysagère. Entre les ravines boisées, les petits collectifs souvent visibles et mal intégrés à la pente remplacent les traditionnelles maisons.
Absence de maîtrise des hauteurs du bâti, ce qui masque la lisibilité des pentes. Les pentes urbanisées et les bourgs des hauts à l'urbanisation diffuse laissent plus de place à la nature en ville notamment autour des différentes ravines (lorsqu'elles ne sont pas totalement effacées). La végétation originelle a été le plus souvent remplacée par des espèces exotiques envahissantes ou cultivées moins riches et moins fonctionnelles pour la faune locale. Une circulation de transit Est-Ouest assurée par le boulevard Sud et la RN1 et de nombreuses voies secondaires Hauts/Bas sur les pentes avec une place « réduite » voire inexistante réservée aux déplacements doux.
Les grandes ravines (Ravine des Patates à Durand, Ravine du Butor, Ravine du Chaudron) aussi majestueuses soient-elles ont fait l'objet d'actions de canalisations très dévalorisantes pour la ville. Pourtant, elles portent de nombreux usages (pêche bichique, lavage du linge, baignade et lieu de détente…) ; elles constituent aussi des espaces de nature évolutifs (rivière de galet, rivière en crue,….), des lieux de continuité écologique, des cheminements d’eau privilégiés et des supports possibles de liaisons douces. Ce sont des composantes structurantes du paysage insuffisamment mises en valeur dans la ville.
Les petites ravines qui innervent les quartiers sont également cachées et peu accessibles, alors qu’elles constituent la base d’une trame de cheminements et d’espaces publics intéressants pour la ville. Traversant la partie basse de la ville, les ravines canalisées qui ont été stérilisées favorisent les écoulements et le transfert rapides des déchets et polluants vers le littoral. Historiquement, la mer est la raison d'être de la ville de Saint-Denis : échanges et transit de marchandises et de voyageurs en chaloupe, animations du bas de la ville liées aux bateaux, aux débarquements de boeufs de Madagascar, et à la promenade en ponton sur l'eau
La rivière Saint-Denis, une limite Ouest marquée par la proximité du centre-villeLa Rivière Saint-Denis, dominée par le rempart de la Montagne met en scène la silhouette du centre-ville, qui se détache au sommet du rempart de Gasparin. Le Bas de la rivière forme un quartier d'habitation à proximité immédiate du centre. La position stratégique de la rivière en fait un lieu fortement convoité aujourd'hui par l'urbanisation et autrefois par l'industrie (usine encore présente en rive gauche) . L'endiguement de la Rivière Saint Denis livré en 2011 vise à protéger des crues les zones urbaines environnantes ; la requalification des berges en liaisons douces constitue le premier maillon d'une valorisation de la ravine ; des liaisons restent à développer avec le littoral et la ville.
Régulièrement en eau, la rivière est le lieu de nombreuses pratiques (lavage du linge, baignade, promenade ….). Les gorges étroites à l’amont du Pont Vin Sahn, laissent découvrir à quelques minutes du centre ville, un paysage de rivière et de remparts, rappelant les hauts avec ses berges luxuriantes et le village de la Colline niché au pied du rempart. La rivière des Pluies, une limite Est sauvage et évolutiveLa rivière des Pluies, une ravine encore sauvage malgré la proximité de l’agglomération. Elle constitue le premier paysage de La Réunion qui s’offre au nouvel arrivant depuis l’aéroport Roland Garros, paysage de torrent indomptable et de montagne. Urbanisation périphérique, manquant de structure, éloignée du damier organisé du centre ancien.
Les deux rives sont prises d’assaut par un cordon urbanisé marquant la fin de la grande ville, environné de champs de cannes. Sur les berges, hangar et activités industrielles de concassage très visibles Des espaces agricoles rares et menacés : ouvertures visuelles sur le grand paysagePaysages agricoles localisés principalement dans la partie Est de la ville en bordure haute de la rivière des Pluies et de la Rivière du Chaudron (Domenjod, La Bretagne, Belle vue, Hauts de Bois Nèfles…). Cannes et diversifications de cultures maraîchères et ornementales prennent place sur de belles terres largement convoitées ces dernières années par l’urbanisation. L'ouverture paysagère sur les champs de canne relie par de beaux points de vue les quartiers d'habitations au paysage de montagne. La cascade du Chaudron, au bout de la ravine du même nom, haute d'environ 400m, offre un paysage naturel remarquable, visible depuis les quartiers Est de Belle Vue, Bois de Nèfles et la Bretagne. Les zones agricoles, de plus en plus réduites accueillent encore quelques espèces faunistiques adaptées à ces milieux et généralement introduites (cailles, Papangue, …). Grignotées par l'urbanisation des pentes, elles sont repoussées vers les hauts aux dépens des milieux naturels plus remarquables. Brouillard, pluies et fraîcheur se succèdent aux matinées ensoleillées des bourgs des hauts, favorisant un paysage luxuriant et des écarts, à l’urbanisation diffuse.
Depuis le bord de route, les jardins colorés des cases traditionnelles se font rares et les murs de bambous dissimulent les jardins : bourgs de St François, Le Brûlé, Bois de Nèfles, Belle vue . La tendance est à l’urbanisation continue le long des voies en lacets avec de rares espaces de respiration. Nombreux départs de randonnées en direction de la Roche Ecrite. Les forêts humides d’altitude abritent le tuit-tuit, espèce rare et endémique, vivant exclusivement dans le couvert du versant Nord de la Roche Ecrite. Des lambeaux de forêts encore présentes sur les pentesSur les pentes, persistent encore des lambeaux de forêt semi-sèche et de forêt cultivées en limite haute de l’urbanisation de Saint-Denis. Ces sites forment des Parcs boisés de pique-nique et de promenade fréquentés.
La Plaine des Chicots. Le sommet La Roche écrite constitue l’aboutissement de l’une des plus belles promenades hautes de l’île, en même temps qu’il offre un point de vue intéressant sur deux cirques à la fois : le cirque de Salazie et celui de Mafate.
Végétation éparse de haute altitude, dominance de landes à branles (bruyères endémiques) appelées « avoune ». Quelques mares favorisant le développement de joncs, sphaignes et graminées. Au fur et à mesure que l’on s’élève, la végétation se raréfie, la roche volcanique est à nu, marquée par l’érosion (failles, vallons). La Plaine des Chicots en cœur de Parc National, abrite un écosystème riche, diversifié et fragile. Elle est le dernier refuge du très rare Tuit-Tuit, une espèce d’oiseau endémique menacée de disparition. La variété des ambiances de cette sous-unité est liée à l’expression de variations pédoclimatiques, édaphiques, topographiques et anthropiques où les forêts les plus proches de la zone urbaine sont issues des pratiques forestières et de la pression accrue des espèces envahissantes. |
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