Atlas des paysages de La Réunion |
Caractéristiques et valeurs paysagères clésUn massif montagneux bordé de hautes falaises littorales et incisé par de nombreuses ravinesLa particularité des pentes de La Montagne tient à leur profil, marqué par la présence de grandes falaises en contact direct avec le littoral et par l'absence de plaine ou de pentes basses littorales. Le maillage des ravines, caractéristique des pentes hautes, est dense et marque fortement le paysage.
Les grandes ravines incisent le territoire en formant des paysages grandioses que l'on traverse via la RD 41, parcourant les pentes à 500/600 m d'altitude.
Les ravines secondaires entaillent la partie littorale du massif et révèlent un paysage plus aride avec des lambeaux de végétation semi-sèche comprenant de nombreuses espèces rares et protégées : ravine à Jacques, ravine Janneteau, la petite ravine des Lataniers, etc…
Ces ravines (dont principalement la ravine de la Grande Chaloupe) préservent les ultimes vestiges de la forêt semi-sèche qui s'étendent sur les bords hauts des ravines vers les plateaux. Elles constituent des zones de refuge et des axes de déplacement privilégiés pour les oiseaux marins, tout en offrant des habitats privilégiés pour les autres espèces remarquables (les oiseaux forestiers, les reptiles et l'entomofaune). Leur l'état de conservation est globalement meilleur que les milieux qu'elles traversent. Elles constituent des couloirs d'échanges et de déplacement privilégiés (corridors biologiques) pour la faune et la flore. Elles assurent une connectivité entre différents étages de végétation et donc différents types d'habitats, ce qui contribue fortement à rehausser la diversité écologique de ce secteur et participe à la conservation de certaines espèces remarquables (connexion entre des sous-populations, voire des individus isolés). Ces ravines sont aujourd'hui envahies par de nombreuses espèces exotiques envahissantes dont la liane Papillon très problématique et colonisant principalement les versant est (ubac) des ravines étouffant et homogénéisant la végétation. Des pitons discrets émaillent le territoire : piton de Saint-Bernard à la crête urbanisée, Piton trésor urbanisé, Piton de ravine à Malheur (terrain de Motocross), Piton d'Orange (boisé)…
Sur la planèze du village de la Montagne, les ravines nombreuses mais peu profondes ont créé une trame boisée dans laquelle les quartiers ont pris place, révélant ainsi le cadre boisé des ravines. Vers l'Ouest, au-delà de la Grande Ravine et du bras Piton, les ravines plus profondes ont freiné l'urbanisation, concentrée en de plus modestes villages (Plaine d'Affouches, Saint-Bernard…) La ravine Grande Chaloupe présente une échelle de paysage toute autre.
Depuis la RD 41, paysage d'une grande beauté formé par des parois verticales, veloutées et boisées ainsi qu'une atmosphère sombre et fermée des replis des ravines, alternant avec les rebords lumineux des berges ensoleillées. Points de vues rares et étroits sur les parois vertigineuses, bordées de plantes endémiques …. Percées spectaculaires vers le littoral, soulignant la grandeur, la largeur et la profondeur de la Ravine. Paysage sec à la sortie de la ravine en direction de Ravine à Malheur. Sur le littoral, la ravine forme une large échancrure, suggérant la végétation dense de ses entrailles et les paysages secs de savane. Le village, composé de quelques cases dispersées et d'un patrimoine exceptionnel (lazaret, l'ancienne gare…), est accessible par la voie littorale (RN 1) ou le chemin des Anglais. Cette ravine conserve de nombreuses reliques plus ou moins bien conservées de forêt semi-sèche et forme le principal massif naturel de ce secteur qui soit continu avec les milieux de plus haute altitude (notion de corridor écologique) dont la forêt sèche et mégatherme et les forêts de moyenne et haute altitude de la Plaine d'Affouches. Elle possède également des sites de nidification des puffins et Paille en queue et est un axe de migration du Pétrel de Barrau. Paysage préservé et isolé formé par cette large ravine, aux remparts boisés et à l'accès presque confidentiel. En quittant un quartier d'habitat, la voie sillonne dans l'ambiance fraîche et pittoresque des boisements denses et des vergers de manguiers occupant le fond de la ravine. L'ambiance luxuriante des plantations et les cases éparses évoquent des images de La Réunion « lontan».
Les falaises et pentes sèches bordant le massifSur le littoral, une alternance de falaises quasi verticales, désormais en bonne partie recouvertes d'une cotte de maille (filets de protection) et d'une végétation « pionnière », et des pentes moins raides et verdoyantes. La ravine de la Grande Chaloupe forme une ouverture et un événement marquant du parcours littoral. La route en corniche, voie littorale créée au pied des hautes falaises incisées de ravines, offre en période de fortes pluies le spectacle court, mais impressionnant des cascades ruisselantes et des vagues déchaînées sur le littoral. Immensité de l'océan offerte au regard et perspective fermée par les falaises depuis la voie littorale. Cette falaise constitue un écosystème unique pour le Sud-Ouest de l'Océan Indien du fait de son peuplement biologique très original. Elle présente des habitats naturels endémiques à fort enjeux dont : la végétation indigène de falaise à Bois de Paille en Queue, habitat unique à La Réunion, voire dans l'Océan Indien, reliques de forêt tropicale semi-sèche présentes essentiellement au niveau des ravines et rives supérieures de falaise et enfin habitat essentiel pour la faune patrimoniale dont le Paille en queue et le Puffins qui y nichent.
L’Est du massif de La Montagne, couvert de savanes sèches herbacées et arbustives, et régulièrement exposé aux incendies dévastateurs, ferme la perspective de Saint-Denis vers l’ouest. Rampes de montagnes soulignées d’un muret bas libérant des vues sur Saint-Denis et l’Est ; flamboyants et jacarandas jalonnant le parcours de leur floraison estivale et réguliers points de vue aménagés : les Trois Bancs, les Canons…
De fragiles et grandes étendues de savaneEn amont des falaises littorales, se déroulent de larges étendues de savanes rases et herbacées mettant en scène les hauteurs de La Plaine d'Affouches. De rares bosquets offrent une ombre rafraîchissante au randonneur qui emprunte le sentier du chemin des Anglais. Des belvédères privilégiés et vertigineux en bords de falaises ponctuent le sentier pavé avec des points de vue sur le littoral et le Port…
Les planèzes entre ravines sont composées de savanes sèches herbacées à arborées qui ont tendance à se refermer (fourrés arbustifs et arborés) si le pâturage et les incendies ne s'en mêlent pas. Ces espaces recèlent encore des stations végétales rares et sont des espaces de chasse et de nidification pour la Papangue très présente à ce niveau. L'oiseau blanc et autres cailles pays sont également présents. Le maintien d'une continuité d'espaces naturels entre les falaises littorales et les ravines, permet d'assurer le brassage génétique nécessaire entre les pieds d'espèces végétales rares et la circulation des espèces animales. Des pentes forestièresLe massif forestier de la Plaine d’Affouches en continuité avec la forêt semi-sèche des bas encore préservée dans les ravines dont la Grande Chaloupe et à moindre mesure, la ravine à Malheur et les ravines Lataniers, rejoint et s’étend sur les massifs forestiers de la Roche écrite et de la Plaine des Chicots, ex réserve naturelle aujourd’hui intégrée au cœur du Parc National. La Plaine d’Affouches est représentée par un étagement de formations naturelles bien conservées allant de la forêt tropicale humide de basse et moyenne altitude typique des milieux tropicaux avec une densité et une richesse importante et une abondance d’épiphytes, aux fourrés éricoïdes des hauts en passant par la forêt tropicale de montagne baignée dans les nuages, la forêt à Tamarin et Calumet et les fourrés à Pandanus des hauts.
Ces trois massifs forestiers constituent le dernier habitat de l’Echenilleur de La Réunion ou Tuit-tuit (Coracina newtoni), passereau endémique de l’Île. Le lézard vert des Hauts est également présent ainsi que le cortège faunistique commun aux milieux conservés de l’île. Ce massif présente également en partie haute un boisement de Cryptomerias situé sur l'ancienne concession Arnoux où sont encore présents des vestiges d'alambic témoignant de la période des grands défrichements pour la culture du Géranium. Des pentes de Plateaux Couilloux formant un paysage agricole boisé et ondulé par le passage des ravines. Les parcelles de petites cultures (canne fourragère, …) et de maraîchage s’accompagnent d’un habitat formé de hameaux ou d’installations agricoles : serres, petit hangar d’élevage avicole, silo et retenue collinaire…
L’ensemble offre depuis les chemins souvent bordés de haies, des ambiances boisées et rurales menant parfois à un habitat précaire, isolé en bord de ravine. Dans les hauts de Ravine à Malheur, des installations d’élevage sont visibles sur les pentes forestières. Des sites patrimoniaux de grand intérêtLa Montagne, autrefois isolée, a servi de site de « quarantaine », dont il reste aujourd'hui de remarquables vestiges.
Des espaces de nature d’une grande diversitéDes espaces de nature nombreux sur le massif offrant une diversité de milieux et de paysage.
Le parc du Colorado situé sur les hauts en bordure de la Rivière Saint-Denis forme le plus grand parc de Saint-Denis, regroupant des activités sportives et de détente (golf, tennis, aires de jeux, sentiers de randonnées…) et bénéficiant du climat frais des hauts. Paysages boisés grandioses ouverts sur la Rivière Saint-Denis et sur le littoral et le Port. Ecrin boisé de multiples plantes endémiques récemment plantées autour de l'aire de jeux et des sites de pique-nique, continuité avec les sentiers de randonnées de La Plaine d'Affouches et d'îlet à Guillaume. La Route Forestière de la Plaine d'Affouches permet d’accéder à ce massif. Elle présente de nombreux emplacements de pique-nique et des points de vue sur la rivière Saint-Denis et sert de point de départ de randonnée. L’"ancêtre" de cette route forestière est le fameux sentier muletier que M.Arnoux s'était engagé à ouvrir en acceptant la concession située au niveau des boisements de Cryptomeria actuels. Cette réalisation fut difficile à réaliser notamment lors du passage en flanc de rempart (zone actuellement friable) comme le raconte en 1875 l'un des frères du Saint Esprit, installé à l'Îlet à Guillaume : "Tout près de l'illette, dans la Plaine d'Affouches, nos voisins qui s'occupent aussi à des travaux de routes ont eu, comme nous, des malheurs à déplorer. Un de leurs travailleurs a été tué par un éclat de mine, et son corps lancé sur un tas de pierres, où il est resté gisant ...". Ce chemin fut ensuite élargi et aménagé par l'ONF pour devenir la Route Forestière n°1bis. Actuellement, cette route n'est plus praticable, et a été remplacée par la Route Forestière actuelle de la Plaine d'Affouches (RF 20), décidée en 1980.
Les sentiers pédestres de la plaine d’Affouche : le sentier de la plaine d’Affouches, dont une variante rejoint aujourd’hui la route forestière après la portion à risque ou continuant en direction de la Plaine des Fougères pour rejoindre la variante du GR R2 allant vers l’Ouest en direction de Dos d’Âne et vers l’Est à la Plaine des Chicots. Le sentier des Lataniers, rejoint quant à lui le Piton Ravine à Marquet puis Dos d’Âne. Par ailleurs, une variante du GR R2 partant de la route de la Montagne au lieu dit le Quinzième, passant par la fenêtre puis l’Îlet à Guillaume en contrebas de la zone d’étude permet également de rejoindre la route forestière de la Plaine d’Affouches dans sa partie haute et de rejoindre comme évoqué ci-dessus, le sentier de la Plaine d’Affouches et donc Dos d’Âne. Toutefois, ce sentier est actuellement fermé. Le sentier du Cap des Anglais, sentier du Lazaret ou chemin des Anglais remarquable sentier avec des parties pavées préservées, traversant la savane sèche en corniche du littoral, et liant La Possession à Saint-Bernard par la Grande Chaloupe.
Cadre boisé des nombreuses ravines formant la trame arborée des quartiers. Dès l’entrée du village du 8ème, l’église et ses grands arbres qualifient l’ambiance végétale du quartier, affirmant le cadre agréable et luxuriant des nombreux jardins débordant sur les voies.
Planèze de la montagne formée de pentes douces favorables à l'urbanisation. Habitat développé de part et d'autre des deux voies structurantes du massif (la RD 41 et le chemin de Ruisseau Blanc) en un tissu de grandes parcelles jardinées constituant avec les ravines, l'écrin arboré des quartiers. Une tendance à l'étalement urbain vers le Nord sur les falaises littorales à Cap Bernard et Moulin Cader, et à la création de nouveaux lotissements denses, aux parcelles étroites, ignorant le lien avec le site et ses lisières arborées.
Les jardins aux terrasses dénivelées et les haies de bambous bordant la RD 41 s'effacent au profit d'aménagements en faveur de la route : murs de pierre remplaçant les lisières plantées, stationnements et recalibrage des voies, giratoires. Malgré la pente, une centralité s’est organisée regroupant dans un périmètre réduit les écoles, les services (mairie, gendarmerie, pompiers...) et les commerces de proximité au bourg du 8ème.
Des centralités secondaires à Ruisseau Blanc et Saint-BernardA Ruisseau Blanc, petit bourg proche du 8ème, une centralité s'est organisée autour de quelques commerces, des écoles et des logements collectifs. Au-delà, s'étalent les quartiers d'habitat dans des écrins de verdure.
A Saint-Bernard, l’urbanisation s’est développée autour du village historique, formé de l’ancienne léproserie (commerces) et le long de la voie principale.(mairie, école, église…). Quartier de la ZAC Saint-Bernard, à la crête urbanisée très visible.
Des bourgs étalés et un habitat spontané en bord de voieAu-delà du village de La Montagne, l’urbanisation plus étalée se fond dans une cadre rural marqué offrant parfois de remarquables ambiances végétales ou boisées. Le long de la RD 41, au-delà du passage de la Grande Ravine, se succèdent des petites cases en chapelet entourées de leur jardin et parfois cachées dans un écrin boisé. La Ravine Grande Chaloupe forme la limite de ce paysage habité. La centralité est souvent représentée par un ou deux commerces, en bord de voie sans aménagements de sécurité pour les circulations douces
Sur les pentes de Ravine à Malheur, l’habitat de petites cases se densifie au fur et à mesure de la proximité de La Possession. Les quartiers s’étalent vers la corniche et les hauts pour devenir des lotissements structurés et denses sur les basses pentes proches du littoral.
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