Atlas des paysages de La Réunion |
Caractéristiques et valeurs paysagères clés
Contrastant avec la plaine humide du Gol, la forêt de l'Etang Salé, présente un paysage littoral et sec, souligné de quelques pitons. Ce paysage est perceptible par fenêtre depuis la RN.
Le littoral de l’Etang Salé présente une diversité de trait de côte, bien mise en valeur par le sentier littoral.
La côte rocheuse et escarpée bordée de la forêt, est traversée de chemins ombragés et de points de vue agréables sur le littoral. Les plages de sable noir, uniques dans l'ouest, sont essentiellement fréquentées au niveau de la Pointe des Sables. La plage ayant la particularité de posséder à la fois un lagon et des vagues permettant les sports de glisse. Le bassin Pirogue forme une baie où s'abritent quelques barques de pêcheurs. Plus loin vers le Sud, la plage de Trou d'eau, en bordure de la forêt domaniale de la Côte sous le Vent, a un caractère plus sauvage.
Le cordon dunaire littoral comprend encore quelques espèces indigènes dont principalement la Patate à Durand, qui participent également à son maintien ainsi qu'occasionnellement des stations d'espèce rares. Les hauts de plage sont des sites potentiels de pontes de tortues marines. La plage est couramment fréquentée par des limicoles migrateurs. Une petite ville littorale agréable et plantéeUne ville balnéaire redevenue paisible depuis la création de la déviation. Contrairement à la Saline, qui s’est métamorphosée en ville « bunker » par l’alignement des clôtures protégeant des nuisances de la RN, la ville a préservé un cadre agréable ; les jardins très plantés de cocotiers et d’arbustes colorés sont visibles de la rue et maintiennent une diversité faunistique importante et colorée principalement exotique (foudi, bélier, moineaux,…). Les étroites ruelles menant au port et à la plage participent à l’échelle de village que l’on traverse aisément à pied.
Autour de l’étang, cristallisation d’un habitat et de petits collectifs dans une échelle maîtrisée. L’Etang-Salé doit son nom à ce petit plan d’eau autrefois alimenté par les marées
Cette mare littorale permanente est d'origine anthropique, elle fonctionne comme un bassin pluvial urbain avant rejet des eaux dans le lagon, (limitation des apports massifs d'eau douce, des apports terrigènes, dépollution par autoépuration) et est également alimentée par les remontée de la nappe salée. Cette mare « urbaine » est un habitat d'espèces végétales indigènes typiques de milieu humide avec la présence principalement de l'Herbe à riz, une zone de reproduction des insectes aquatiques et des poissons et un milieu de vie du Héron et de la Poule d'Eau. La ville littorale, limitée par la forêt domaniale, ne peut s’étaler, ce qui a permis la préservation de la qualité de cette station balnéaire.
La plaine du Gol, une plaine fertile et un milieu naturel humide d’exceptionVaste plaine alluviale créée au débouché de la rivière Saint-Etienne, exutoire du cirque de Cilaos, la plaine du Gol offre des terres agricoles planes ouvertes et étendues. La pression urbaine et industrielle pèse sur cette plaine malgré la forte occupation par l’agriculture.
Une immense plaine verte formée des parcelles cultivées et quadrillée par les alignements de cocotiers. Ces lignes tirées au cordeau forment des repères marquants dans la plaine littorale. Elles composent un paysage à part entière dans ce territoire où la pression urbaine a façonné une juxtaposition de quartiers d'habitat et de zones d'activités.
Des terres planes favorables au développement des zones industrielles et commerciales La zone industrielle des Sables à l'Etang Salé et la zone industrielle de Saint-Louis accrochée à la RN, déroulent une ville « hangar » et des façades aux enseignes agressives, bien loin des pentes reposantes du grand paysage…. Ces surfaces importantes imperméabilisées de voiries, parking, stockage, hangar limitent la capacité de filtration de cette plaine humide…
Un milieu naturel d'exception dans un environnement peu respectueux : L'étang du Gol, l'une des trois dernières zones humides de La Réunion avec l'Etang de St-Paul et l'Etang de Bois Rouge. Ce site écologique de grande qualité (41 hectares classés en espace naturel sensible) permet la découverte de ce milieu humide exceptionnel relativement préservé possédant une richesse faunistique rare d'oiseaux aquatiques (poule d'eau, hérons striés, etc...) mais également une grande quantité d'insectes endémiques. Il est ainsi l'une des zones les plus importantes pour l'observation des oiseaux migrateurs et des oiseaux d'eau sur l'île. Le grau est aussi le site de passage privilégié (porte d'entrée) du Pétrel de Barau et de puffins bien qu'ils ne soient en aucune façon dépendant de la zone humide (P. JOUVENTIN, 1998). Cet étang littoral est actuellement très perturbé, dégradé par les activités agricoles, industrielles et urbaines en amont et par les espèces exotiques dont la Jacinthe d'eau qui recouvre par moment l'intégralité de la zone en eau.
Ambiances contrastées de l'étendue du plan d'eau se détachant devant les pentes grandioses de Saint-Louis et des Makes, les berges évoluant au gré du niveau d'eau et les bandes boisées littorales.
Le site de l'étang enclavé entre la RN et la zone industrielle souffre d'un environnement dégradé au regard du caractère exceptionnel du milieu : accès peu lisibles à travers la zone industrielle et le quartier d''habitat, parc peu valorisé et littoral dégradé.
Les pentes hautes sont profondément entaillées par d’innombrables ravines qui descendent du rempart du Dimitile et de la chaîne du Bois de Nèfles. La forêt des Makes et celle du Tévelave participent à cette ambiance générale. Entièrement boisées, les pentes hautes composent des draperies qui font toute la beauté de cette partie de l’île.
Les pentes forestières sont recouvertes par des forêts primaires de bois de couleur de moyenne et de haute altitude. Celles-ci sont bien souvent, en partie basse, dégradées par les espèces exotiques introduites via les cultures ou les jardins. Elles sont également parfois en partie défrichées au profit d’espaces agricoles ou de friches. La sylviculture de cryptoméria en remplacement d’anciennes friches marque également le paysage naturel à ce niveau. De même, les aires de pique-nique forment des espaces très ouverts, propices à la prolifération d’espèces exotiques envahissantes, à proximité de milieux naturels d’intérêts. Les plus hautes altitudes du massif forestier des Makes, situés à l’aplomb du Cirque de Cilaos recèlent des fourrés éricoïdes de l’étage altimontain, dans lesquels s’insèrent des pelouses humides cependant dégradées par l’insertion d’espèces graminéennes envahissantes. Ces pelouses humides altimontaines se développent en taches dispersées et de faibles étendues, rompant ainsi la monotonie des fourrés éricoïdes. De nombreuses ravines, elles aussi en partie dégradées mais ayant toujours une certaine fonctionnalité pour la faune, sillonnent ces espaces naturels pour rejoindre les mi-pentes agricoles et enfin le littoral, lorsqu’elles ne sont pas interrompues ou « modifiées » par des aménagements urbains. Pentes agricoles interrompues par les ourlets sombres des ravines qui les sillonnent. Elles sont couvertes d'une mosaïque de verts ponctuée des taches sombres correspondant à la diversité des cultures : cannes, vergers, sujets isolés ponctuant les parcelles… Sur les pentes les plus fortes, des haies et bandes boisées forment un petit bocage, stabilisant et protégeant les cultures. Ces pentes préservent une certaine « transparence » écologique entre milieux patrimoniaux.
Le large replat du littoral né de la plaine alluvionnaire de la rivière Saint-Etienne offre le recul nécessaire à la contemplation de ce paysage cultivé dont la lisibilité est menacée par l'étalement urbain.
L'important étalement urbain autour des bourgs des hauts (Avirons, Etang Salé) s'accompagne d'un mitage des « campagnes » ; l'ensemble créant un tissu bâti effaçant la lisibilité des pentes agricoles. L'extension urbaine des villes est d'autant plus marquée que les obstacles physiques n'existent pas : extension de Saint-Louis sur les vastes terres agricoles de l'ouest, extension de la Rivière Saint-Louis sur les pentes et la plaine. Les perspectives sur les grandes étendues agricoles sont menacées, les terres cultivées se réduisent.
Les espaces de respiration entre les villes disparaissent, effaçant la lisibilité des bourgs et transformant les pentes littorales en un paysage habité côtoyant une agriculture en sursis : disparition de la plaine agricole bordant « Le bras de la Plaine » entre Saint-Louis et Rivière Saint-Louis dans un tissu d'habitat lâche…. Cet étalement urbain porte une forte atteinte à la qualité des paysages, à la qualité des espaces de vie, à l’adaptation du modèle urbain axé sur une motorisation indispensable…
Le Domaine de Maison Rouge, en formant une langue de terres cultivées entre deux ravines reste préservée du mitage et présente des paysages ouverts et précieux d’une grande beauté. Des bourgs des hauts implantés dans des paysages grandiosesCes lieux de vie privilégiés le sont à la fois par leur position dominante sur le reste des pentes et par leur position confortable, calée contre les pentes hautes.
Encadré de masses boisées, le village du Tévelave est souvent plongé dans un léger brouillard, ce qui lui confère une ambiance toute particulière. La présence de fougères arborescentes, de bruyères, de brandes et de longoses rappellent un peu l’ambiance de la Plaine des Palmistes. L’ensemble des petites cases aux toits colorées repose sur un plateau. Le tout est mis en valeur par un arrière plan, là encore, somptueux de part un enchevêtrement de pitons aux courbes douces et largement boisées.
Belle route paysage menant aux Makes et traversant de remarquables étendues agricoles et des ravines imposantes et luxuriantes. Le village des Makes, isolé, proche de la forêt, forme un monde particulier avec une douceur de vivre émanant des jardins et cases de caractère.
La fenêtre des Makes est accessible après une longue voie traversant la forêt. Elle offre par temps clair une ouverture époustouflante sur le cirque de Cilaos. L’Entre-Deux au pied des pentes du Dimitile, forme un petit village organisé et soigné, qui a pris soin de son patrimoine traditionnel et de ses espaces publics. Les petites cases colorées typiquement créoles recouvertes de bardeaux se fondent dans leur jardinet fleuri. Ici et là, les rues ou chemins dévoilent un arrière plan majestueux sur les pentes en draperie du Dimitile.
Le pont de l’Entre Deux a amené sur ce tranquille village isolé un peu de la pression urbaine littorale . Le quartier de Lamare se déploie et se couvre de petits immeubles mal intégrés à la pente.
Une ravine profonde et encaissée et les îlets du fond de la rivièreLe Bras de la Plaine, une des grandes ravines principales qui entaille suffisamment la pente pour marquer nettement le grand paysage.
Le lit forme un long serpentin profondément encaissé rejoignant les différents ilets. Depuis la route qui monte à l’Entre-Deux, les champs de canne, en s’avançant jusqu’au bord du vide viennent souligner la présence de la ravine. La promenade le long de la rivière est riche et permet de découvrir les ilets isolés et leurs cultures vivrières qui se succèdent au fond de la rivière : Le Grand Détour, l’Ilet Aurélien Dijoux, Ilet Roc Boyer
Grand Bassin, îlet niché au pied du rempart : la vue en est saisissante depuis Bois Court (départ du sentier pédestre) tant les remparts en sont abrupts. L’îlet est une succession de cases réhabilitées en gîtes ruraux avec jardinet fleuri et murets bordant les chemins. Le Bras de la Plaine, rivière pérenne se présente comme un des grands corridors écologiques de cette partie de l’Île où circulent et nichent de nombreux oiseaux, une faune piscicole d’intérêt. Il préserve sur ses remparts des reliques de formations rares dont des lambeaux de forêts semi-sèches et des formations humides typiques vers son embouchure qui joue un rôle essentiel pour la faune (nourrissage, reproduction, …). Les remparts du Bras de La Plaine constituent également, au niveau de Grand Bassin notamment l’unique refuge du rare et exceptionnel Pétrel Noir de Bourbon appelé localement la « Timize » à l’origine de quelques mythes et légendes. Même les premières pentes boisées sont colonisées par un habitat spontané parfois dans les ravines, s’accompagnant de défrichages importants, destructeurs pour l’environnement le long de la route du Tévelave, de la D3 au niveau des Canots, de la route des Makes
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