Atlas des paysages de La Réunion |
Caractéristiques et valeurs paysagères clésUne morphologie littorale riche dans ses variationsUne morphologie littorale plus diversifiée que les pentes intermédiaires et hautes au profil globalement assez régulier. La rareté de ces événements, qui forment des sites, les rend d’autant plus intéressants en termes de paysage.
Bossellements doux et souples du Cap la Houssaye. Leur aspect presque «dunaire» est renforcé par la spectaculaire teinte orangée de l'Hétéropogon en hiver, cette graminée favorisée par le feu.
Les falaises du Cap la Houssaye et de la Pointe des Aigrettes fréquentées par des Paille en queue, au pied desquelles se faufile la RN 1.
La baie de Saint-Gilles, avec une station balnéaire cadrée dans un «amphithéâtre» de pentes bien perceptibles.
La plaine littorale de l’Hermitage-les-Bains bordée à l’amont par un coteau, constituant un espace de « respiration », trame verte horizontale recélant encore des espèces rares.
La longue « corniche » qui s'allonge en contrebas de la Saline et de Trois-Bassins et qui ouvre des vues larges sur le littoral et le lagon. Les grandes pentes raides qu’elle forme s’adoucissent légèrement à l’aval, au contact du littoral entre la Saline et Saint-Leu. Ces pentes « arbustives » en arrière littoral recèlent encore des espèces rares et protégées de l’ancienne forêt semi-sèche et constituent une « coupure verte » horizontale propice à une faune relativement riche et diversifiée bien qu’essentiellement exotique.
La baie de Saint-Leu, légèrement incurvée entre la Pointe des Châteaux et la Pointe au Sel, avec des pentes raides à l'amont et une petite plaine littorale pour Saint-Leu,
Des pentes douces à Piton Saint-Leu.
Autre type d’accident morphologique particulièrement rare : les replats ! Ils sont quasiment inexistants sur la grande planèze de l’ouest : pas de répit, on est toujours et en permanence sur une pente. Seules les étroites plaines littorales de l’Hermitage/la Saline-les-Bains et de Saint-Leu offrent une accalmie dans ce monde de pentes généralisées. Des sites des hauts particulièrement remarquables
Un trait de côte contrastéLe bord de mer lui-même offre des ambiances très contrastées. Franges rocheuses et sauvages de basalte sombre et rugueux, sur lesquelles s’écrase la houle du grand large. Côte sauvage et préservée, ponctuée par une urbanisation diffuse : littoral de Trois-Bassins à Pointe des Châteaux, Pointe au Sel et côte des Souffleurs à Piton-Saint-Leu. Longue frange sableuse blanche et douce, alanguie au bord du lagon à l’Hermitage les-Bains, la Saline-les-Bains et à Saint-Leu. Plages coralliennes bordées de forêts protectrices littorales plantées de filaos, dégradées par l’érosion marine, éolienne et anthropique.
Petites plages de sables noirs en limite sud Malgré souvent d'évidentes perturbations anthropiques, l'action du sel marin combinée aux vents a permis de maintenir sur ce littoral une flore halophile caractéristique et de structurer, par endroits, des séquences de végétation maritime primaire entières et bien organisées. Une étude du CBNM démontre largement l’intérêt patrimonial de ce littoral jusqu’alors délaissé. Aux dispositions naturelles contrastées correspond un aménagement du littoral varié, qui offre des stations balnéaires distinctes les unes des autres.
Des stations distinctes par leurs ambiances et leur morphologie urbaine : Boucan Canot, Grand Fond, Saint-Gilles-les-Bains, l'Hermitage, la Saline, Saint-Leu. L'océan est ici accessible et protégé par la barrière de corail, contrairement à la plupart des falaises littorales, marquées par l'âpreté de la roche volcanique. Les pentes amont des stations sont touchées par l'urbanisation (coteaux de Saint Gilles Les bains, pentes amont de La Saline) ainsi que des espaces fragiles lagunaires (amont de la Saline). Tendance à la fragilisation du lagon. Des stations distinctes par les espaces non bâtis (coupures d'urbanisation) qui les séparent les unes des autres, notamment trois principaux : Cap la Houssaye, littoral Grande Ravine/Pointe des Châteaux, littoral de Stella/Piton-Saint-Leu.
Ces stations balnéaires ne laissent guère de place à la « nature » et effacent autant que faire se peut les ravines pourtant nombreuses et essentielles dans ces zones soumises à inondation. Le Cap La Houssaye, un paysage unique dans l’Ouest mais aussi dans l’îlePlusieurs caractéristiques concourent à son originalité.
Une avancée en balcon sur la mer et sur la baie, peu fréquente dans l'île aux formes globalement rondes et régulières. Des reliefs souples en forme de « dunes », inhabituels à la Réunion. Un paysage sec de savane, presque unique dans le contexte d'irrigation massive opérée par le transfert des eaux. L'hétéropogon : une graminée spectaculaire qui couvre les étendues du Cap, adaptée au feu et forme un paysage « caméléon », aux teintes variables selon les saisons et l'activité pastorale Site particulièrement fréquenté par les riverains (Plateau Caillou/Fleurimont/Saint-Gillesles-Hauts) ainsi que plongeurs et pêcheurs (rochers du Cap la Houssaye) ; la RN1 étant moins circulée, d'autres usages sur le littoral sont amenés à se développer. Savane propice à une faune associée majoritairement exotique. La Pointe des Aigrettes, de Boucan Canot à Saint-Gilles au paysage agricole vallonnéSeules les ravines adoucissent ponctuellement les pentes. A leur débouché se sont implantées les stations balnéaires : Boucan Canot, Grand-Fond et Saint-Gilles-les Bains, chacune portant le nom de sa ravine.
L’intérieur des terres offre des paysages cultivés sous irrigation, dans un relief original de « vallons » et de « collines » (pitons) ; ils restent relativement méconnus, partiellement perceptibles depuis la RD 10 entre Grand Fond et l’Eperon.
La plaine littorale de l’Hermitage / la-Saline-les-Bains ancienne lagune étirée en longueur, protégée par la barrière de corailL’urbanisation de l’Hermitage-les-Bains et la Saline-les-Bains a conquis de façon continue la flèche sableuse du littoral bénéficiant ainsi du plan d’eau du lagon. Seules des portions d’arrière-plage, plantées au XIXe siècle de filaos pour fixer les sables, sont ponctuellement exemptes d’urbanisation et forment des « fenêtres » d’accès à la plage et au lagon.
En retrait, les eaux de ruissellement des ravines de l’Hermitage et de la Saline, ralenties, ont formé une étroite bande humide, inondable, où s’implantent quelques équipements : station d’épuration, Jardin d’Eden, … Ces zones humides sont d’ailleurs favorables à l’implantation d’habitats et d’oiseaux d’eau typiques comme les hérons et profitent au passage de limicoles souvent observables en bord de plage. L’ensemble est cadré par des pentes raides et courtes dont a principalement profité la Saline pour s’épaissir. Le littoral de la Pointe de Trois-Bassins à la Pointe des Châteaux dominée par une côte rocheuse :Côte rocheuse et parfois petites falaises (Rocher des Colimaçons) avec bribes de barrière de corail et de lagon, sans dérouler de plage sableuse continue
Des pentes amont trop raides pour être cultivées, colonisées en partie par la masse dense, piquante et impénétrable des kékés ou z’épinards qui ont tendance à s’étendre.
Une pression du développement ralentie par l’absence de plages facilement baignables par rapport aux autres secteurs de la côte : l’urbanisation s’est ainsi développée soit de façon diffuse sur la commune de Trois-Bassins (Souris Chaude, Souris Blanche et Grande Ravine), soit par une grosse opération d'urbanisation sur la commune de Saint-Leu (Pointe des Châteaux). Le littoral urbain de la baie de Saint-Leu, replat au pied des pentesModeste replat en pied de pente raide accueillant la ville de Saint-Leu
L’urbanisation, protégée par la barrière de corail, qui forme un lagon, mêlée à une forte présence végétale, se développe ainsi sur 3 kilomètres entre la Ravine de la Chaloupe et la Ravine du Cap, et grimpe sur les pentes raides qui dominent le centre-ville. Ce littoral encore par endroit « propice » dans une certaine mesure et grâce à des projets de reconquête à la ponte des tortues marines offre occasionnellement ce spectacle rarissime. La côte de Piton Saint-Leu, une côte sauvage bordée de pentes douces« Côte sauvage » unique sur la façade-ouest de l'île s'allongeant sur 9 kilomètres de la Ravine du Cap à la Ravine des Avirons. Côte généreusement ouverte du fait de l'absence d'urbanisation et de forêts, couverte de savane et de canne. Des vues larges s'ouvrent ainsi de toutes parts, aussi bien vers l'océan que vers les pentes urbanisées et cultivées en arrière-plan.
Un monde de longues pentes fortes et régulièresDes pentes régulières au-dessus du littoral montant de 150 m à 900 d’altitude environs et investies par l’urbanisation et l’agriculture. Les pentes fortes contraignent les routes à zigzaguer dans la multitude des ravines. Au final, les pentes de l’ouest ne sont pas seulement longues en soi, elles forment également un monde long à parcourir.
Hormis les ravines, qui s’incisent en creux, les « accidents morphologiques » saillants sont rares et peu spectaculaires : on note principalement les pitons qui marquent la limite du territoire au Sud à proximité du Plate : Pitons Calvaire, la Boue, Mare à Boue, et La Découverte. Quelques légères éminences se distinguent en plus, colonisées par l’urbanisation et formant des sites bâtis : la Saline, les Colimaçons.
Les ravines : un laniérage des pentes, discret dans le paysage mais dense et contraignant pour les déplacements.Des ravines constituant les événements morphologiques les plus déterminants des pentes intermédiaires. Plus creusées que dans les hauts, et donc plus difficiles à franchir, elles sont continues, sans l'interruption de l'embouchure et des petites plaines que l'on trouve sur le littoral. Certaines sont si larges qu'elles forment des paysages en soi : La Grande Ravine, Ravine Trois Bassins, Ravine des Colimaçons, Ravine Saint Gilles …. La plupart, malgré leurs dimensions sont paradoxalement discrètes dans le paysage. Certaines sont en partie révélées par le passage de la Route des Tamarins qui autorise une perception fugace de leurs hauts remparts verdoyants.
Les routes à flanc de pentes sont obligées d’infléchir leurs parcours à chaque passage de ravine ; les routes de montée/descente sont contraintes de zigzaguer entre deux ravines, multipliant les virages en lacets.
Les ravines ont également contribué à l’organisation sociale de l’espace des pentes intermédiaires de l’ouest ; les terres moins riches de leurs abords immédiats étant occupées par les populations les plus modestes.
Dans ce paysage, la route des Tamarins, forme un fil continu souligné par les ouvrages de franchissement des ravines. La facilité d’accès par la route renforce l’attractivité des bourgs des mi-pentes où se concentre une forte pression de développement : route Hubert-Delisle, La Saline-les-Hauts, Piton Saint-Leu….
Ces ravines préservent de rares reliques de végétation semi-sèche autrefois répandues sur ce secteur de l’Île. Par ailleurs, elles constituent des couloirs de déplacement et de nidification d’oiseaux marins dont le Paille en queue et le Puffin et pour la Papangue qui chasse au niveau des espaces agricoles. Des pentes intermédiaires caractérisées par un étagement fragilisé et une alternance des paysagesEntre le littoral sec, chaud et ensoleillé, et les hauts à l’inverse frais et davantage brumeux, développement d’une logique d’étagement dans la répartition de l’occupation humaine.
Cet ordre étagé a été largement fragilisé et brouillé au cours des dernières décennies, avec le développement de l’urbanisation entre ces deux lignes «originelles », sur les pentes, dans une imbrication parfois étroite avec les espaces agricoles : c’est le « mitage » des pentes intermédiaires, réalisé à la faveur des routes et voies de dessertes agricoles qui sillonnent les pentes en zigzaguant.
L’étagement seul ne parvient pas à rendre compte de la diversité des paysages des pentes intermédiaires. Un autre facteur intervient : l’alternance.
Un paysage des hauts dominé par l’étagementAu-dessus de l’urbanisation, à partir de 900 m d’altitude environ, la variation d’altitude fait se succéder trois paysages distincts : c’est l’étagement, particulièrement lisible pour ces hauts. C’est à partir de cette altitude en effet que les nuages s’accrochent aux pentes, nimbant fréquemment les hauts une partie de la journée.
Des pentes plutôt douces s’achevant en petites falaises basaltiques sombres battues par les flots. Les « souffleurs » font une part de l’attraction touristique de cette côte. Quelques plages de sable interrompent le linéaire rocheux (Bois de Nèfles, Piton/Bois Blanc). Le site le plus connu de la côte est la Pointe au Sel, qui accueille des salines remises en état depuis quelques années. En retrait de 1 000 m du trait de côte, le Musée de Stella et l’urbanisation du Piton Saint-Leu regardent ce vaste paysage de côte préservé.
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