Atlas des paysages de La Réunion |
2.7. L’évolution des paysages de l’énergieEn termes de paysage, la production et la distribution de l'énergie posent surtout problème à l'échelle locale, par la prolifération des lignes électriques basse-tension qui s'ajoutent aux réseaux téléphoniques dans l'espace public des routes et des rues. Un grand travail reste à faire pour enterrer ou passer en façades les réseaux aériens. Cette amélioration paysagère, si importante pour une île appelée à jouer la carte de la qualité d'accueil, se doublerait d'une amélioration de la sécurité en approvisionnement, en soustrayant ces réseaux au risque cyclonique. 2.7.2. Un défi à releverLa Réunion, à travers GERRI, doit parvenir à atteindre l'autonomie énergétique. Cet objectif nécessite le développement de l'électricité photovoltaïque, seule énergie renouvelable de masse à ce stade sur l'île, et la mise en chantier rapide d'expérimentations sur les micro-turbines hydrauliques, l'énergie de la houle, l'énergie thermique de la mer, l'éolien off-shore ou l'exploration de la ressource en géothermie. Parallèlement les actions entreprises au titre de la maîtrise de l'énergie (MDE) sont poursuivies et amplifiées. Les sources d'énergies renouvelables sont les énergies éolienne, solaire, géothermique, houlomotrice, marémotrice et hydraulique ainsi que l'énergie issue de la biomasse, du gaz de décharge, du gaz de stations d'épuration d'eaux usées et du biogaz (Loi n° 2005-781 du 13 juillet 2005 de programme fixant les orientations de la politique énergétique, les Energies Renouvelables, article 29). Le défi pour La Réunion va être de réussir ce développement de façon harmonieuse dans le paysage, afin qu'il n'obère ni la qualité du cadre de vie quotidien ni celle du cadre touristique, pour une île qui doit parier à l'avenir sur un tourisme haut de gamme, porté par son inscription récente sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Les enjeux portent sur deux échelles bien distinctes : 2.7.3. L’échelle de la parcelle et du paysage habité de proximitéJusqu'à une période récente, le contexte géographique de l'île de La Réunion a favorisé le déploiement de systèmes de petites dimensions, à la parcelle : systèmes photovoltaïques dits en site isolé, qui ont permis notamment l'électrification des habitations enclavées de Mafate et des habitations en fin de réseau électrique ; chauffe-eau solaires individuels (près de 100 000 installés). Ces installations posent parfois un problème d'intégration architecturale, lorsqu'elles se surajoutent comme un équipement à une structure architecturale récente. C'est particulièrement vrai pour une maison individuelle. Mais c'est nettement moins problématique pour les bâtiments d'activités dont les toitures plates apparaissent relativement peu dans le paysage, dont l'aspect industriel s'accorde avec l'équipement photovoltaïque lui-même industriel, et dont les grandes dimensions permettent d'efficaces productions. L'intégration à l'architecture de ces dispositifs dès le stade de la conception facilite grandement leur inscription harmonieuse dans le paysage construit. C'est ce qu'il faut encourager. Exemples de grandes installations photovoltaïques en toitures :
2.7.4. L’échelle du territoire et du grand paysageAvec le renforcement de la politique en énergie renouvelable, le risque principal est la multiplication de sites de production de grandes dimensions, qui porteraient atteinte à des sites remarquables (projet abandonné de géothermie dans la plaine de Sables …) ou plus vraisemblablement qui concurrenceraient les rares espaces agricoles et de nature des pentes hors Parc National, qui fragmenteraient des espaces non bâtis déjà réduits, et qui satureraient à terme un espace de vie insulaire rare et précieux. Il s'agit en particulier de fermes photovoltaïques au sol, des fermes éoliennes, … Ces grandes implantations méritent d'occuper quelques rares espaces peu perceptibles (c'est le cas des pentes de Sainte-Rose qui ont commencé à être investies), mais la rareté des terres milite pour éviter leur développement au sol. Par ailleurs, l'abondance excessive des surfaces urbanisées et des bâtiments déjà existants à La Réunion milite pour éviter la création de nouveaux bâtiments ou installations dans les paysages agricoles et naturels, qui seraient spécifiquement dédiés au support de panneaux photovoltaïques : hangars, serres, etc. Principales installations photovoltaïques au sol (2010) :
2 centrales réalisées.
- Capacité totale : 15 MWc. - Environ 100.000 modules photovoltaïques. - Équivalent à la consommation électrique de 23.700 habitants. - 13.000 tonnes de CO² évitées par an, soit l'équivalent du rejet de plus de 5 000 véhicules. Cette ferme photovoltaïque est la première connectée au réseau de France (Prix Marianne d'Or 2008 de l'environnement et du développement durable). Le projet a également fait l'objet d'un dispositif exemplaire et pionnier de compensation des terres agricoles visant à préserver les plantés de cannes sur la commune (avec le concours de la SAFER).
Si la ferme éolienne de Sainte-Rose apparaît relativement peu dans le grand paysage, on ne peut en dire autant de celle de Sainte-Suzanne, qui déroule une longue succession de mâts dans l'axe d'une belle perspective paysagère des bas vers les hauts. 2.7.5. L’espoir des énergies marinesFace à la petitesse de l'île, l'immensité de l'océan semble plus accueillante pour le développement de projets d'énergie renouvelables. Mais ces projets restent à l'heure actuelle à l'état de recherche : énergie houlomotrice, énergie thermique des mers (ETM), hydroliennes, … |
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