Atlas des paysages de La Réunion |
Caractéristiques et valeurs paysagères clésLe corridor d'accès au cirque, véritable sas entre La Réunion intérieure et La Réunion extérieure donne toute la force à la mise en scène de Salazie. La rivière du Mât «fluide conducteur », l'élément essentiel qui perce le rempart. Elle crée une brèche, ouvre le cirque et rend son cœur accessible. C'est aussi le seul lien réel entre le cirque et l'océan, que l'on suit à contre-courant pour gagner l'intérieur de l'île.
Cette rivière pérenne d'une grande richesse piscicole est un lieu de migration et de nidification des oiseaux marins. Des puffins et pailles en queue nichent le long des parois abruptes du cirque, tandis que les Pétrels de Barrau suivent ce corridor jusqu’au sommet du Gros Morne pour y nicher. A noter que les fortes pentes à basse altitude, de la Rivière du Mât, abritent de nombreuses stations de plantes rares dont les derniers palmistes blancs sauvages. Le cirque de Salazie, le plus vert des cirques ; impression très forte lorsqu’on découvre le cirque par la route D48 qui longe la rivière du Mât. La végétation luxuriante semble tout recouvrir d’un vert clair lumineux. Le chouchou et autres lianes ont envahi en quelques années le cirque et présentent une image frappante de colonisation écrasante des remparts.
Les somptueuses cascades, le « pisse en l’air » qui ruisselle sur la route, révèlent une nature gorgée d’eau, qui semble s’abstraire de la gravité en créant de véritables murs de végétation. Les cascades sont plus ou moins abondantes selon la saison. Durant la saison cyclonique, ce sont des remparts entiers qui « pleurent ». On compte à Salazie de nombreux « voiles de la mariée » et légendes associées.
Vers l’intérieur, l’image du vert paradis associé à la rivière du Mât est rapidement remplacée par une impression de chaos rocheux, infranchissable, marqué par l'érosion.
Le Piton d’Enchaing domine le reste du cirque avec pour couronne les hautes crêtes dentelées qui bornent l’horizon dans toutes les directions. Il trône au milieu du cirque d’autant plus que les autres sommets plus élevés, Piton des Neiges, Gros Morne, Morne Fouche, Cimendef et Roche écrite, disparaissent souvent du paysage, voilés par les masses nuageuses qui « encapuchonnent » les hauts presque quotidiennement.
Les Pitons et reliefs remarquables du cirque préservent des formations végétales primaires et sont également propices à la nidification des oiseaux marins. Le sommet du Piton d’Enchaing est d’ailleurs dominé par une forêt tropicale humide de montagne non perturbée, fortement isolée géographiquement des régions équivalentes qui cernent le cirque de Salazie. Le Piton d’Enchaing, massif d’environ 800m de dénivelé, est une barrière qui divise le cirque en deux parties : celle d’Hell-Bourg formée d’un plateau entouré de remparts verdoyants et humides, et celle de Grand Ilet, au caractère plus austère donné par des reliefs plus déchiquetés et par une végétation plus aride.
Des remparts différenciés et identifiables par des sommets et des cols. Les reliefs caractéristiques de la Roche Ecrite et le Cimendef dominent Grand Ilet. Piton Plaine des fougères et Be Massoune surplombent les îlets « Mares ». Le col des Bœufs relie le cirque de Salazie à celui de Mafate.
L’inévitable attractivité des sommets. Une multitude de sentiers a été créée pour atteindre les reliefs les plus remarquables dominant Salazie. Le Piton des Neiges, offrant la vue sur les Trois Cirques. Le piton d’Enchaing, repère central et enchanteur, accessible par un chemin vertigineux. Plateau sommital, alternance de clairières et de boisements où fleurissent de belles orchidées. Micro-paysage paisible, ouvert sur l’ensemble du cirque.
Agriculture implantée principalement sur les replats, autour des îlets. Cultures improbables et pourtant présentes ponctuellement, dans les pentes et les ravines. Depuis la route D48, on aperçoit des bananeraies dans des pentes qui semblent inaccessibles et des cultures de chouchou sur parcelles, devenues envahissantes dans les ravines et sur les remparts.
Grand Ilet, une des places fortes de l’élevage de l’île (porc, poules….). Structures agricoles sous forme de serres et hangars dans le village et ses abords.
Les activités agricoles ont fortement participé à la dégradation des milieux naturels et à l’évolution des paysages. Le défrichement et l’installation de cultures s’avèrent parfois envahissantes et problématiques pour les milieux naturels à l’instar du chouchou très répandu le long des remparts. Forte exposition du cirque à l’érosion, aux glissements de terrain et aux éboulis Phénomène favorisé par le défrichement des terres de plus en plus haut, sur des pentes de plus en plus fortes. L’érosion menace certains îlets (en particulier Grand Ilet). Paysage de pente aride et fragile….
Comme dans les trois cirques des boisements/plantations « anti-érosion » composés essentiellement de filaos sont visibles en fonds de cirque. Des plantations de Cryptomeria vestiges de l’exploitation ancienne à l’aide d’un téléphérique à partir de Belouve sont également présentes et encore exploitées au niveau d’Hell Bourg en direction de la source Manouilh. Le rempart de Bélouve et de la Plaine des Lianes : ouverture sur les mystères de la forêt primaireLe cirque de Salazie est globalement celui où les formations végétales sont les plus « dégradées ». En effet, dans ce cirque, 90% de la couverture végétale primaire a été totalement transformée. Les principaux vestiges de végétation indigène subsistent sur les remparts et sur la partie sommitale du Piton d'Enchaing.
Les îlets « Mares » : Salazie, abondante réserve d’eauL’omniprésence de l’eau, un élément fort de l’identité de Salazie. Depuis la Roche Ecrite, la vue est marquée par de nombreuses mares et par les taches d'agriculture verdoyante.
Les îlets « Mares » : Mare à Citrons, Mare à Vieille Place, Mare à Martin, Mare à Poule d’Eau, Mare à Goyave. La nomination de ces îlets révèle l’abondance réserve d’eau, en surface, mais surtout en profondeur, dans les nappes souterraines. Les mares présentes à Salazie contribuent au ralentissement du ruissellement pluvial, malgré leur état de conservation variable et souvent moyen du fait de leur proximité avec des zones anthropisées, Elles sont des zones de reproductions et d’alimentation d’oiseaux dont la poule d’eau et d’insectes aquatiques. Elles offrent parfois des possibilités pour le développement du potentiel piscicole (Mare à Poule d’Eau). Par ailleurs, elles présentent une faune et flore aquatiques typiques et participent à la diversité des habitats et espèces du secteur. Certaines de ces mares sont maintenant asséchées, leur nom reste dans la toponymie du cirque, comme par l’exemple la Mare aux Citrons. Les « micro-paradis » à la végétation exubéranteA l’échelle d’un homme perdu dans la montagne, le charme de Salazie vient d’une multitude de « micro-paradis », liés au climat humide qui favorise l’exubérance de la végétation. Elle couvre plus facilement les pentes les plus fortes, même celles des remparts formant de véritables murailles vertes.
Au pied du voile de la mariée, au cœur d’un canyon, dans le mystère du village enseveli de Grand Sable, dans un jardin créole, sous une treille de chouchous, au pied d’un bambou géant, en descendant du Piton des Neiges, dans un sentier couvert de mousses et d’orchidées. Image "asiatique", assez rare donnée par les cressonnières en fond de ravine. Au sein des Ilets habités dont principalement Salazie et Hell-Bourg, les espèces exotiques sont largement utilisées pour l’ornement des jardins et espaces publics. Ces espèces présentent hélas bien souvent une menace pour les écosystèmes conservés à proximité. Les Ilets, replats successifs où se concentrent la vie et les activitésDes cassures gigantesques contribuant à complexifier le paysage intérieur du cirque Salazie : la Rivière du Mât, exutoire du Cirque, Le Bras de Caverne, exutoire des eaux du Plateau de Belouve, la rivière des Fleurs Jaunes, vaste canyon, Bras sec, entre Ilet à Vidot et Hell-Bourg, Ravine Grosse Roche… Toutes ces ravines découpent l’espace de vie du cirque en maigres et relatifs replats. Salazie compte 7 replats principaux, suspendus dans les airs. La plupart portent à la fois des habitations, plus ou moins organisées en bourgs, et des espaces agricoles. C’est sur ces replats que les dynamiques d’évolution des paysages, induites par l’homme sont les plus prégnantes.
Il donne son nom au cirque, même s’il a perdu son attrait. Le « Chez nous, soyez Reine », en grosses lettres sur le mur de l’église, au-delà de l’hommage à la Vierge Marie, est lancé comme un message de bienvenue ; bienvenue dans le cirque, bien plus que dans l’îlet. La place de l’église n’existe plus. Un îlet que l’on traverse sans s’y arrêter. Les points d’arrêts sont rares. L’îlet est effacé par la rivière du Mât et la route qui le traverse. Salazie pourrait pourtant retrouver ou prendre cette place importante de l’accueil. Or l’îlet accueillant aujourd’hui reste celui d’Hell-Bourg. L’origine d’Hell Bourg est encore d’actualité : on y vient pour échapper aux chaleurs de l’été, respirer l’air frais. Bourgade coloniale, mais aussi village créole, avec beaucoup de charme : maisons traditionnelles en bois, de qualité et remarquables jardins débordant de fleurs. Le village très visité est incontournable de la découverte de Salazie. Qualité de son patrimoine architectural que l’on s’attache à mettre en valeur. C’est la qualité du bourg qui attire les visiteurs dans le cirque.
Intérêt du plan géométrique et rigoureux du village qui contribue à révéler le site de Hell-Bourg en ouvrant des perspectives en particulier sur les reliefs structurants du cirque. : Piton d’Enchaing, rempart de Bélouve, massif du Piton des Neiges.
Dernier Ilet avant la piste menant au Bélier, Grand Ilet est un lieu de passage. La remarquable église et la rue principale disparaissent sous le développement des bâtiments d’élevage au coeur du bourg. Les vues sur le paysage et les îlets restent remarquables.
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