Atlas des paysages de La Réunion




Accueil » DIAGNOSTIQUER ET AGIR » Les orientations et recommandations » IV. Une traduction spatiale : l’archipel agro-urbain et naturel » 2. L’archipel agro-urbain Réunionnais » 2.1. L’étagement et l’alternance : des concepts à redécouvrir pour une organisation spatiale volontariste des pentes

2.1. L’étagement et l’alternance : des concepts à redécouvrir pour une organisation spatiale volontariste des pentes


Pentes de l’Ouest, schémas 2 et 3 : évolution de l’étagement au cours de l’histoire (extrait de : « Etude préalable à un plan de paysage pour l’ouest », DDE/DIREN 1997, dessin Agence Folléa-Gautier).cliquez pour agrandir la photoPentes de l’Ouest, schéma 4 : fragilisation de l’étagement dans la période contemporaine (extrait de : « Etude préalable à un plan de paysage pour l’ouest », DDE/DIREN 1997, dessin Agence Folléa-Gautier).cliquez pour agrandir la photo

Les deux premiers étages clairement lisibles sur les pentes de Sainte-Marie : littoral urbain, pentes basses agricoles. cliquez pour agrandir la photoEtagement clairement organisés sur les pentes de Sainte-Marie : pentes basses en canne, mi-pentes urbanisées, hauts naturels (rivière des Pluies). cliquez pour agrandir la photo

L’étagement et l’alternance sont des concepts essentiels pour l’organisation durable du développement des pentes de l’île. Ils ne sont pas nouveaux, mais ils méritent d’être consciemment maniés et réactivés dans le cadre des réflexions d’aménagement du territoire.

L’étagement correspond à des « strates » d’organisation du territoire en fonction de l’altitude. Par héritage naturel et culturel, les paysages des pentes diffèrent en partie par cette organisation étagée et ses variations. De façon très grossière :

les pentes du nord-est sont organisées en quatre étages : littoral urbanisé, pentes agricoles, mi-pentes habitées, hauts (forêt) ;

  • les pentes du sud en trois étages : urbanisation littorale, espace agricole et urbanisation des mi-pentes, hauts ;
  • les pentes de Saint-Philippe et de Sainte-Rose comptent trois étages : littoral plus ou moins urbanisé (RN 2), pentes agricoles, forêt ;
  • les pentes de l’ouest, les plus longues, comptent au moins six étages principaux : littoral urbanisé, pentes littorales sèches ou irriguées, urbanisation des mi-pentes, espace agricole plus ou moins mité, urbanisation des hauts (route Hubert-Delisle), hauts (pâturages, forêts, branles) ;
  • les pentes de Saint-Denis sont urbanisées en continu entre littoral et mi-pentes, de même que les pentes de Saint-Pierre – Le Tampon, ainsi que Le Port-La Possession ; pour ces pentes, l’étagement est donc d’une autre nature en trois ou quatre strates : plaine urbanisée, pente urbanisée, espace agricole (le cas échéant), hauts (forêt).

Il existe bien des nuances et des situations particulières. L’essentiel est de saisir la nature stratifiée de l’urbanisation, étroitement liée à ses espaces non bâtis, littoraux, agricoles ou naturels.

A cette stratification (ou étagement) s’ajoute une alternance (ou séquençage), cette fois pour un même étage :

- alternance de littoral construit et de littoral « naturel » : une alternance essentielle, qui garantit la lisibilité et l’existence même des villes et stations balnéaires successives, dans leur identité, et qui garantit également l’accessibilité au littoral, espace de liberté et aujourd’hui de loisirs ; autant que faire se peut, ce jeu d’alternance est organisé aujourd’hui par les propriétés du Conservatoire du Littoral ou du Conseil Général, la Loi Littoral, et plus ponctuellement par les conditions naturelles, géomorphologiques et volcaniques.

- alternance de pentes agricoles et de pentes urbaines : une alternance aujourd’hui fragilisée par le mitage et l’urbanisation linéaire qui tendent à noyer l’ensemble dans une émulsion généralisée ; c’est l’un des enjeux les plus forts du devenir de l’île en termes de paysage : savoir décanter cette situation, en organisant l’étagement et l’alternance à des échelles fines, en inventant une forme « d’agro-urbanisme ».

L’addition de l’étagement et de l’alternance pour organiser le développement des pentes de La Réunion constitue la matrice pour une « trame verte et bleue » telle que conceptualisée au Grenelle de l’Environnement.
L’ensemble conduit à concevoir les pentes de La Réunion comme un archipel d’îles urbaines au sein d’espaces agricoles et naturels protégés. Un schéma qui va à rebours de l’urbanisation linéaire observée jusqu’à présent, celle-ci tendant spontanément à la disparition même de cette organisation étagée et alternée. Il s’agit donc d’une politique nécessairement volontariste, susceptible de contrecarrer les processus tendanciels. Elle suppose d’autres formes de relations « ville-campagne », conceptualisées ci-dessous  par « l’agro-urbanisme ».


  • alternance des ravines naturelles et des pentes urbaines ou agricoles ; une alternance qui n’est pas sans contraintes, car les ravines, profondément incisées en creux, difficiles à franchir, dangereuses en période cyclonique, lanièrent les pentes, organisant de façon majeure le parcellaire, mais aussi les circulations, et tendent à couper les quartiers les uns des autres ; mais cette alternance est précieuse, car les ravines constituent les seuls corridors biologiques des pentes, et souvent les derniers espaces naturels résiduels.


L’addition de l’étagement et de l’alternance pour organiser le développement conduit à concevoir les pentes de La Réunion comme un archipel d’îles urbaines au sein d’espaces agricoles et naturels protégés. Un schéma qui va à rebours de l’urbanisation linéaire observée jusqu’à présent, celle-ci tendant spontanément à la disparition même de cette organisation étagée et alternée. Il s’agit donc d’une politique nécessairement volontariste, susceptible de contrecarrer les processus tendanciels. Elle suppose d’autres formes de relations « ville-campagne », conceptualisées ci-dessous  par « l’agro-urbanisme ».


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